• Приглашаем посетить наш сайт
    Кулинария (cook-lib.ru)
  • Герцен А. И. - Прудону П. - Ж., 6 - 7 сентября (25 - 26 августа) 1852 г.

    217. П. -Ж. ПРУДОНУ (черновое)

    6—7 сентября (25—26 августа) 1852 

    6 septembre 1852. Londres.

    4, Spring Gardens.

    Cher et vénérable ami,

    Le sentiment avec lequel j’ai lu et relu votre lettre était beaucoup plus profond et plus chaleureux que le sentiment de la reconnaissance la plus sincère. J’étais ému, touché, j’étais fier d’avoir été si parfaitement compris par vous. Je me sentais immensément fort, appuyé de cette manière et par une main qui était la vôtre.

    ’ai hasardé une chose difficile, audacieuse. Il me fallait des mois de méditation, des malheurs terribles et toute l’énergie qui me restait encore pour me décider à une chose, d’ailleurs tout à fait conforme à nos convictions, à nos principes, mais insolite, peu commune. Tant il est vrai que pratiquement nous sommes encore des hommes du vieux monde.

    Refuser un duel avec un scélérat que vous avez si bien caractérisé, qui, commençant par une trahison a fini par un assassinat en passant par le mensonge, l’escroquerie, la calomnie, et en appeler à la justice de tout ce qui s’avoue socialiste, révolutionnaire — quoi de plus simple, de plus naturel pour un homme qui professe depuis quinze ans le socialisme, d’autant plus que l’individu en question ose aussi se compter dans les rangs révolutionnaires. Et pourtant c’était bien téméraire de s’appuyer sur la solidarité qui doit nous lier dans une cause où était engagé beaucoup plus que mon honneur, tout mon passé, tout mon avenir même au delà de la tombe, un cercueil sacré pour moi et le nom pour et intact de mes enfants. Si mon appel restait sans réponse je compromettais tout au lieu de sauver quelque chose, la tombe, le berceau, l’honneur, même le droit de me venger individuellement. Il ne me resterait alors qu’à me brûler la cervelle. Eh bien, j’ai osé. J’ai osé parce que j’avais gardé au fond de mon âme travaillée par le scepticisme et la négation un reste de foi naïve dans le parti révolutionnaire. Ma foi [m’a sauvé] ne m’a pas trompé, j’ai réussi. Votre lettre m’en est une nouvelle preuve, et une preuve précieuse. Votre lettre et celle de Mazzini, écrite dans le même sens. C’est le commencement non seulement du jugement, mais de la condamnation. Je somme maintenant Herwegh à paraître, à se justifier, je suis prêt à soutenir face à face l’accusation. Mais s’il n’accepte pas notre wehme, s’il se tait qu’on le condamne sur les documents, sur ce que diront les témoins, qu’on l’expulse de nos raugs, qu’on le déclare au ban de la démocratie, qu’on lui fasse enfin tout ce que vous avez écrit dans votre lettre.

    Lui, il se moque dans un article infâme de la solidarité à laquelle je fais appel, il dit ne pas comprendre ce qu’il y a de commun entre la démocratie et une affaire individuelle, il déclare ne pas appartenir à cette lie démocratique à laquelle j’appartiens avec mes amis. Il a raison — je ne connais pas même la sienne. La démocratie à laquelle j’appartiens comprend parfaitement la solidarité de tous pour chacun et le devoir moral de flétrir les traîtres. J’appartiens à cette nouvelle société à laquelle vous appartenez et vos amis, j’appartiens à la révolution à laquelle Mazzini appartient et les siens; et voilà pourquoi je n’étais nullement étonné que sans égards aux graves controverses qui vous divisent avec Mazzini, vous et lui, vous avez émis la même opinion dans cette affaire. Et voilà pourquoi le représentant du communisme allemand, cet homme qui connaît si bien le fuyard de Bade, lui, le combattant de Bade, Willich est venu chez moi demandant à ajouter son verdict aux autres et de mettre son nom à côté de ceux qui veulent condamner le misérable par un tribunal formé de démocrates-socialistes.

    Herwegh nous a dénoncés à la police, il s’est mis sous la protection des gendarmes, il comprend donc la solidarité qui le lie avec la police, avec sa société qui lui doit protection et assistance. Et nous autres qui n’acceptons pas la justice policière, qui sommes mis hors la loi et qui ne voulons pas y rentrer, on peut donc nous trahir, nous voler, nous assassiner, nous calomnier — et aucune force collective ne viendra ni flétrir, ni protéger. Quel non-sens. Mieux vaudrait alors vivre parmi les sauvages, on aurait alors au moins le droit du couteau, de la force matérielle. Cher Proudhon, vous l’avez si bien exprimé dans votre lettre, cette loi suprême de la solidarité. Si la société de l’avenir restait en effet muette et impassible devant ce drame terrible, devant un homme dans lequel s’est concentrée double toute la dépravation, toute l’immoralité qu’elle hait, qu’elle poursuit dans le vieux monde, avec l’apparence révolutionnaire, couvrant un abîme de prostitution par des phrases insolentes; si elle n’avait pas eu un frémissement d’indignation en écoutant le récit d’une série de crimes perpétrés avec tant de préméditation, d’hypocrisie et de cruauté — elle ne serait pas viable. Une nouvelle société doit avoir toute la fougue de la jeunesse et si elle ne se sentait ni assez pure, ni assez morale, ni assez forte pour vouloir et pouvoir défendre les siens contre les scélérats de la famille, elle serait condamnée à mourir à l’état de fœtus, passer sans réalisation aucune, comme une espérance abstraite, comme un rêve utopique. — Mais aussi loin d’être indifférente, la démocratie sociale, par ses représentants les plus illustres, a agi avec entraînement, avec passion, et ne m’a pas dit: «c’est votre affaire particulière, nous ne pouvons pas nous occuper des personnes, nous ne nous occupons que du genre humain en bloc».

    ’était en effet que purement et simplement une affaire individuelle, une de ces collisions fatales où les passions une fois déchaînées entraînent à la perte les innocents et les coupables avec l’irresponsabilité d’un coup de foudre — personne n’aurait rien à y voir. Je n’aurais jamais souffert aucune intervention dans ce cas. Les amis les plus intimes devraient passer leur chemin, tristes et silencieux, sans juger, courbant la tête et maudissant non les individus, mais la vie. Il fut un temps où la trahison, la conduite ignominieuse de Herwegh avait encore ce caractère privé, et alors pendant une année entière personne n’a entendu un mot de moi. Pendant cette année, lui et sa complice, sa veuve, ont travaillé sous main, répandant des calomnies atroces sur mon compte et sur le compte de ma femme. Je n’en savais rien, je ne pouvais présumer tant de scélératesse bourgeoise, vulgaire, ignoble. Voilà comment l’affaire sort de la maison, [et] perd tout caractère passionné et ne garde que le caractère criminel. — L’individu voyant que rien ne peut rompre le lien qui attachait ma femme à moi, lien ébranlé par lui, mais qui après cette malheureuse épreuve s’était resserré encore plus, prit la noble résolution de se venger d’une femme par des calomnies, par un trouble continuel du repos, par des intimidations monstrueuses — sans parler des projets de suicide, il est allé jusqu’à menacer d’assassiner nos enfants, ses propres enfants, de nous traîner aux assises etc... Cette rhétorique dans le mauvais genre des romans allemands finit par ne plus agir. L’harmonie la plus parfaite régnait chez nous. Le sort l’aida alors. Un malheur terrible frappa, comme vous le savez, le 16 novembre 51 ma famille, ma mère, mon fils et un ami périrent dans la Méditerranée. Il prit, comme il l’écrit lui-même, ce sinistre pour bon augure — il en profita merveilleusement. Notre maison était en deuil, était bouleversée, ma femme tomba dangereusement malade, moi je passais les nuits près de son lit, les dernières espérances révolutionnaires s’évanouissaient avec décembre. C’est au milieu de ce temps triste, terrible, lugubre, que j’ai reçu une lettre de ce scélérat, sans aucun motif, sans aucune provocation de ma part, c’était une dénonciation révoltante, cynique qui terminait par quelque chose dans le genre d’un cartel. — Entendez-vous bien, cher ami, lui le traître, lui le coupable, lui qui ne devrait parler avec moi qu’à genoux et couvrant son visage des deux mains — il m’envoie un cartel après avoir préparé son public par une année de calomnie. En même temps il en avisait sa dame, un de ses amis de Paris, qu’il savait être lié avec une famille russe. De cette manière la nouvelle de la lettre et du cartel arrivait une ou deux semaines après à la malade, elle était stupéfaite, terrifiée par tant de scélératesse; elle le méprisait déjà, depuis ce jour elle le haït. Au premier moment de l’indignation j’ai voulu en finir avec lui en acceptant un duel, mais en faisant des conditions telles, qu’un des combattants devrait nécessairement rester sur place; mais cela n’était pas facile, il restait à Zurich et ne montrait aucune intention de venir à Nice, où j’ai été retenu par la maladie de ma femme. Après quelques jours de réflexion je changeai complètement d’avis. Je vis clairement que le duel n’était proposé que comme moyen de réconciliation, de réhabilitation — et plus que tout cela, comme moyen de perdre cette femme martyre. Le duel ne pouvait évidemment profiter qu’à lui — donc il n’aura pas de duel. Au lieu de <ce> duel je ferai au grand jour et à haute voix ce qu’il a fait nuitamment et furtivement.

    Je parlerai aussi, moi.

    éhabiliterai cette femme.

    Et je le couvrirai, lui, d’opprobre, de mépris, si je ne puis le couvrir de terre.

    ’était immense ce que je prenais sur mes épaules. Car je ne me cachais plus avec quel adversaire j’avais à faire, — avec un de ces hommes libres de tous les préjugés, comme Georgey, Bocarmé et autres que nous avons vu naguère surnager sur la scène politique. Ces hommes sont très dangereux, car ils n’ont pas même la morale des brigands, ni l’honnêteté des voleurs. Ce n’est qu’une civilisation décrépite, qu’un monde en putréfaction qui peut produire ces êtres complètement dénués de conscience.

    éparé à toutes les infamies et j’ai fait presque la moitié de la besogne — car il ne se relèvera jamais des coups que je lui ai portés, quoique je sois complètement de votre avis «que ce n’est pas assez». J’aurais tout fait si la mort n’avait coupé à la fois toutes les cordes, anéanti toutes les espérances. Elle a succombé dans cette lutte inhumaine. Je la vengerai — mais trop tard, je sortirai victorieux, mais elle est morte et mes actes n’ont plus la même valeur, ni le même sens. Je poursuis ce que j’ai commencé, mais le but est plus restreint.

    Quant à la réhabilitation de la victime — elle a été splendide. C’est elle-même qui l’a faite. Tout le monde s’inclina avec respect devant l’énergie et la force d’âme de cette femme, elle était sublime sur son lit de douleur, donnant un libre cours à sa sainte indignation. Elle ne se justifiait pas d’un malheureux entraînement, mais elle voulait sauver notre passé, que l’autre osait souiller par ces calomnies, notre présent qu’il représentait comme un mensonge et comme une violence. Elle voulait enfin punir par sa parole le scélérat qui l’a livrée avec tant d’ignominie. Elle écrivit trois lettres — admirables, l’une était adressée à cet homme. C’est celle lettre qu’il a renvoyée en disant qu’il ne l’avait pas décachetée et dans laquelle on a trouvé je ne sais quel commentaire odieux écrit par lui, c’est cette lettre enfin que mes amis Haug et Tessié du Motay lui ont notifiée, exécutant la volonté de la défunte. Vous connaissez les détails. Il a le dévergondage[244] de dire que cette lettre est fausse, étant convaincu du contraire — le misérable! La mort même n’a rien réveillé d’humain dans cette âme crapuleuse, marchant par-dessus le cadavre, il jette encore de la boue dans la fosse qu’il a creusée. C’est un monstre. Et si l’on pense que pendant tout le temps de cet assassinat moral, lui qui avait abandonné sa femme et ses enfants et n’entretenait des relations avec elle que pour lui soutirer l’argent, que tout ce temps il vivait maritalement avec une vieille coquette, qui de son coté l’entretenait — l’imagination s’arrête devant tant de débauche, devant ce luxe de prostitution et de dégradation.

    J’ai commis une faute irréparable, je l’avoue, j’en ai souffert tout ce qu’on peut souffrir d’un remords. Il ne fallait pas permettre à cet homme de sortir de ma maison, il fallait le tuer. Les larmes et les sanglots de deux femmes me désarmèrent, il s’éloignait la tête baissée, se sentant coupable, protestant encore de son amitié, me faisant dire par sa femme, que je peux le tuer, mais que jamais il ne tirera contre son meilleur ami. Je le laissai aller. C’était une grande faiblesse, je l’expie. Aucun duel au monde ne pouvait réparer cette faute. Il ne me restait qu’à dévoiler le scélérat et à le frapper au grand jour par la réprobation générale — c’était le commencement nécessaire de la vengeance.

    Dans les derniers événements il s’est surpassé et m’a aidé plus que mes amis à se dégrader devant les yeux de tout honnête homme. Que penser effectivement d’un individu qui répond par une polémique de journal à des soufflets reçus, qui nie ses dettes, ayant pris la précaution de faire signer ses lettres de change par sa femme, donnant ainsi lieu à l’accuser, elle, d’escroquerie. Ce n’est qu’un homme pareil qui soit capable, après avoir passé des années dans la plus grande intimité avec moi, de dire que je tenais à ma femme pour m’emparer de sa fortune (il sait qu’elle n’avait absolument rien) et d’imprimer dans une feuille réactionnaire épands des subsides russes, de l’or russe, connaissant très bien, mieux que tout autre, que l’or qu’il prenait si fraternellement (il me doit encore 13 000 frs) chez moi n’était ni russe, ni prussien, mais tout simplement mon or à moi. — Et ce même homme fait imprimer par sa femme, il y a un mois «que son nom est cher à la démocratie».

    Justice donc, amis et frères, que tout le monde prononce son verdict, comme vous, comme Mazzini, comme Willich — et que «pour la première fois, comme j’ai écrit ailleurs, elle soit faite sans procureurs ni bourreaux, au nom de la solidarité des peuples et de l’autonomie des individus». — Et qu’il s’en aille marqué au front s’abriter sous la protection non seulement de la police de Zurich, mais de la police européenne, il y a là de la place, de l’emploi et du véritable or russe

    Merci encore une fois, merci pour votre admirable lettre, reconnaissance, amitié et sympathie éternelle.

    Je vous serre la main de tout mon cœur<.>

    Alexandre Herzen.

    Par un hasard étrange je termine cette lettre le 7 sept<embre>. C’était le jour de nom de la pauvre martyre. C’est pour la première fois que je passe ce jour sans elle. Cette lettre est ma messe des morts. — Quand viendra le jour, le seul que j’attends, où je pourrai solennellement m’approcher de sa tombe en disant «j’ai écrasé le serpent» et ajouter mon Nunc ... car la vie au fond est dégoûtante et insupportable.

    Вверху письма:

    Voilà le brouillon de la lettre. Il n’y a aucun changement de fait, à l’exception de qu<el>q<ue>s fautes de langue. Edmond pourra les corriger. — Je veux connaître votre opinion sur cette lettre. Elle me semble bonne.

    4, Spring Gardens.

    Дорогой и глубокоуважаемый друг,

    чувство, с которым я прочитал и перечитал ваше письмо, было гораздо глубже и горячее чувства самой искренней признательности. Я был взволнован, тронут, я был горд тем, что вы поняли меня до конца. Я почувствовал себя невероятно сильным, получив, и притом от вас, такую поддержку и руку помощи.

    Я отважился на трудное, рискованное дело. Мне понадобились месяцы раздумий, страшные несчастья и весь остаток моей энергии, чтобы решиться на дело, вполне, впрочем, согласное с нашими убеждениями, с нашими принципами, но необычное и незаурядное. Ведь, по правде говоря, в повседневной жизни мы еще люди старого мира.

    к лицам, признающим себя социалистами и революционерами, — что, казалось бы, проще, естественнее для человека, уже пятнадцать лет исповедующего социализм, тем более что субъект, о котором идет речь, также осмеливается причислять себя к революционерам. И все же было очень смело полагаться на солидарность, долженствующую нас связывать, в деле, которое заключало гораздо большее, чем мою честь, — все мое прошлое, все мое будущее и даже посмертное будущее, священную для меня могилу и чистое, незапятнанное имя моих детей. Если бы мой призыв остался без ответа, я погубил бы все, вместо того чтобы хоть что-то спасти, — и могилу, и колыбель, и честь, и даже право на личное мщение. Мне оставалось бы тогда только пустить себе пулю в лоб. Но я осмелился. Я осмелился, потому что в глубине души, истерзанной скептицизмом и отрицанием, я сохранил остаток наивной веры в революционную партию. Моя вера [меня спасла] меня не обманула, я достиг успеха. Ваше письмо служит новым тому доказательством, и притом доказательством драгоценным. Ваше письмо и письмо Маццини, написанное в том же духе. Это начало уже не только суда, но и обвинительного приговора. Теперь я требую, чтобы Гервег явился — пусть выступит в свое оправдание, я готов на очной ставке поддержать мои обвинения. Но если он не согласится на нашу вему, если он будет молчать — пусть ему вынесут обвинительный приговор на основании документов, на основании свидетельских показаний, пусть изгонят его из наших рядов, объявят вне демократии, пусть, наконец, сделают с ним все то, о чем вы написали в своем письме.

    А он в подлой статье издевается над той круговой порукой, к которой я призываю; по его словам, он не понимает, что может быть общего между демократией и личным делом, он заявляет, что не принадлежит к тому демократическому отребью, к которому принадлежу я и мои друзья. Тут он прав — его отребья я даже не знаю. Демократия, к которой принадлежу я, великолепно понимает круговую поруку всех за каждого в отдельности и свой моральный долг клеймить предателей позором. Я принадлежу к тому новому обществу, к которому принадлежите вы и ваши друзья, я принадлежу к той революции, к которой принадлежит Маццини и его единомышленники, вот почему меня нисколько не удивило, что, несмотря на серьезные разногласия, разъединяющие вас с Маццини, вы оба были одного мнения об этом деле. Вот почему представитель немецкого коммунизма, человек превосходно знающий баденского беглеца, сам участник баденских боев, Виллих, обратился ко мне с просьбой присоединить его приговор к общему приговору и поставить его имя рядом с именами тех, кто требует предания негодяя суду, образованному из демократов-социалистов.

    Гервег сделал на нас донос в полицию, он обеспечил себе заступничество жандармов, он понимает, следовательно, что такое круговая порука, связывающая его с полицией, с его обществом, которое должно обеспечить ему защиту и безопасность. А нас, не признающих полицейского правосудия, поставленных вне закона и не желающих вернуться под этот закон, нас можно, следовательно, предавать, обкрадывать, убивать, на нас можно клеветать, и никакая коллективная сила не заклеймит преступника, не вступится за нас. Что за бессмыслица. В таком случае не лучше ли было бы жить среди дикарей, тогда у нас было бы по крайней мере право расправляться ножом, применять физическую силу. Дорогой Прудон, вы так хорошо определили в своем письме этот высший закон солидарности. Действительно, если бы общество будущего осталось безмолвным и безучастным перед этой страшной драмой, перед этим человеком, в котором сосредоточилась вдвойне, вся испорченность, вся безнравственность, ненавидимая и преследуемая этим обществом в старом мире, — скрываясь при этом под революционным обличием и маскируя всю глубину своего морального падения наглыми фразами, если бы оно не содрогнулось от негодования, услышав рассказ о ряде преступлений, совершенных так обдуманно, с таким лицемерием и жестокостью, это означало бы, что оно нежизнеспособно. Новое общество должно обладать всей пылкостью молодости, а если бы оно не чувствовало в себе ни достаточной чистоты, ни достаточной нравственности, ни достаточной силы, чтобы желать и мочь защитить своих людей против негодяев из собственной среды, оно было бы обречено на смерть в зачаточном состоянии, остаться, ничего не свершив, лишь отвлеченной надеждой, утопической мечтой. — Но социальная демократия отнюдь не обнаружила равнодушия, через своих самых видных представителей она горячо, с увлечением откликнулась и не сказала мне: «Это ваше частное дело, мы не можем заниматься отдельными личностями, мы занимаемся родом человеческим в целом».

    — она никого бы не касалась. В этом случае я никогда не допустил бы вмешательства ни с чьей стороны. Самые близкие друзья должны были бы печально и молча пройти мимо, никого не осуждая, склонив голову и проклиная не отдельных людей, а самоё жизнь. Было время, когда измена и подлое поведение Гервега сохраняли еще такой приватный характер, и тогда в течение целого года никто не слыхал от меня ни единого слова. Весь этот год он сам и его соучастница, его вдова утрачивает характер страсти и сохраняет лишь характер преступления. Этот субъект, видя, что ничем нельзя разорвать узы, связывающие мою жену со мной, узы, расшатанные им, однако после этого несчастного испытания ставшие еще крепче, — принимает благородное решение отомстить женщине клеветой, беспрестанным нарушением ее покоя, чудовищными угрозами; не говоря уже о планах самоубийства, он дошел до того, что начал угрожать убийством наших детей, своих собственных детей, привлечением нас к суду присяжных и т. п. Эта риторика во вкусе дурных немецких романов в конце концов перестала оказывать действие. У нас царила полная гармония. Тут на помощь ему пришла судьба. 16 ноября 51 г. страшное несчастье, как вы знаете, обрушилось на мою семью: моя мать, сын и один из моих друзей погибли в Средиземном море. Он принял это бедствие, как он сам об этом пишет, за хорошее для себя предзнаменование — и прекрасно им воспользовался. Мы были в глубоком трауре, мы были потрясены, жена опасно заболела, я проводил ночи напролет у ее изголовья, а с декабрьскими событиями исчезли последние революционные надежды. И вот в это скорбное, страшное, мрачное время я получил от этого злодея письмо, без всякого повода, без всякого с моей стороны предлога; то был возмутительный, циничный донос, заканчивавшийся чем-то вроде картеля. Вы только поймите, дорогой друг, — это он, изменник, он, виновный, он, который должен был бы говорить со мной, стоя на коленях и закрыв лицо руками, — он посылает мне картель, предварительно подготовив себе сочувствующих, распространяя целый год клевету. В то же время он оповестил обо всем свою барыню и своего парижского приятеля, коротко знакомого, как ему было известно, с одним русским семейством. Таким образом через одну-две недели известие о его письме и о картеле дошло до больной; она была поражена, ошеломлена такой низостью, она уже презирала его, с этого дня она его возненавидела. В первую минуту возмущения я хотел с ним покончить, принять вызов, но при условии, чтобы один из участников поединка остался непременно на поле; однако устроить это оказалось не так легко, он жил в Цюрихе и не обнаруживал ни малейшего намерения приехать в Ниццу, где меня удерживала болезнь жены. После нескольких дней раздумья я совершенно изменил решение. Я ясно понял, что дуэль была им предложена лишь как средство примирения, как средство реабилитации — а больше всего как средство окончательно погубить эту женщину-страдалицу. Совершенно очевидно, что дуэль была бы на пользу ему одному — так вот не будет же ему дуэли. Вместо дуэли я решил при свете дня, гласно сделать то, что он делал во мраке ночи, исподтишка.

    Я сам заговорю.

    И я реабилитирую эту женщину.

    То, что я взваливал себе на плечи, было огромно. Ибо я уже не скрывал от себя, с каким противником мне предстоит иметь дело — с человеком, свободным от всех предрассудков, вроде Гёргея, Бокарме и других им подобных, еще недавно на наших глазах всплывавших на политическую арену. Эти люди чрезвычайно опасны, потому что лишены даже морали разбойников и порядочности воров. Только загнившая цивилизация, только разлагающийся мир может порождать подобные человеческие существа, полностью лишенные совести.

    «что этого не достаточно». Я довел бы дело до конца, если бы смерть не оборвала сразу все струны, не уничтожила все надежды. Она не выдержала этой нечеловеческой борьбы. Я отомщу за нее — но слишком поздно, я выйду победителем, но ее уже нет, и мои поступки уже не имеют ни прежнего значения, ни прежнего смысла. Я продолжаю начатое, но цель моя сузилась.

    — она была великолепна. Жертва сама себя реабилитировала. Все с уважением склонились перед энергией и душевной силой этой женщины, она была величественно прекрасна на своем скорбном ложе, давая волю священному негодованию. Она не оправдывалась в своем злосчастном увлечении, но она хотела спасти наше прошлое, которое тот осмелился чернить клеветой, наше настоящее, которое он изображал как обман и насилие. Наконец, она хотела собственным словом покарать злодея, так подло ее предавшего. Она написала три превосходных письма — одно из них тому человеку. Это то самое, которое он отослал обратно, сказав, будто не распечатывал его, и в котором оказались какие-то гнусные замечания, им написанные; это, наконец, то самое письмо, которое мои друзья Гауг и Тесье дю Мотэ ему предъявили, выполняя волю покойницы. Подробности вам известны. Он имеет бесстыдство[245] утверждать, будто письмо — поддельное, будучи уличенным в противном — негодяй! Даже смерть не пробудила ничего человеческого в этой развращенной душе; перешагнув через труп, он бросает еще грязью в могилу, им же вырытую. Это чудовище! И подумать только, что в то самое время, когда происходило это моральное убийство, он, уже ранее бросив жену и детей и поддерживая с женой отношения лишь для того, чтобы выманивать у нее деньги, — все это время живет со старой прелестницей, которая в свою очередь его содержит, — воображенье останавливается перед таким распутством, перед таким непомерным развратом и разложением.

    меня; он уходил, низко опустив голову, чувствуя свою вину, продолжая еще уверять меня в своей дружбе и передав мне через свою жену, что я могу его убить, но он никогда не поднимет руки на лучшего своего друга. Я дал ему уйти. Это было большой слабостью, теперь я за нее расплачиваюсь. Никакая дуэль не могла бы исправить эту ошибку. Мне оставалось только одно — разоблачить злодея и нанести ему публично удар, вызвав всеобщее его осуждение — это было необходимое начало мщения.

    В позднейших событиях он превзошел самого себя и помог мне больше, нежели мои друзья, уронить его в глазах каждого порядочного человека. Что, в самом деле, можно думать о человеке, который на пощечины отвечает журнальной полемикой, который отказывается от своих долгов, предусмотрительно заставив свою жену подписать за него векселя и давая таким образом повод обвинить ее в мошенничестве? Только такой человек был способен, прожив целые годы в теснейшей близости со мною, сказать, что я не отпускаю от себя жену потому, что хочу завладеть ее состоянием (он знает, что у нее ровно ничего не было), только такой человек был способен напечатать в одном листке, что я раздаю русские субсидии, русское золото, хотя он лучше чем кто-либо другой знал, что золото, которое он так по-братски у меня брал (он мне должен еще 13 000 фр.) — не русское, не прусское, а просто-напросто . И этот самый человек с помощью своей жены напечатал месяц назад, «что его имя дорого демократии».

    — и пусть «впервые, как я уже писал в другом месте, правосудие свершится без прокуроров, без палача, во имя солидарности народов и независимости личности». И пусть он убирается с клеймом на лбу и прячется под крылышком не только цюрихской, но и общеевропейской полиции; там для него найдется и место, и дело, и настоящее русское золото.

    Спасибо, еще раз спасибо за ваше прекрасное письмо, примите мою признательность, дружбу и бесконечную симпатию.

    По странной случайности я заканчиваю настоящее письмо 7 сентября. Это был день ангела бедной мученицы. В первый раз я провожу этот день без нее. Настоящее письмо — моя заупокойная обедня по ней. Когда же настанет день, тот единственный ожидаемый мною день, когда я смогу, торжественно подойдя к ее могиле, сказать: «Я раздавил змия» и прибавить свое Nunc dimittis[246], ибо жизнь в сущности отвратительна и невыносима.

    Вверху письма:

    Вот черновик письма. Никаких фактических изменений в нем нет, за исключением некоторых погрешностей в языке. Эдмон может их исправить. Мне хочется знать ваше мнение о письме. Мне оно кажется хорошим.

    Печатается по фотокопии с чернового автографа (BN). Впервые опубликовано (в несколько иной редакции): Л VII, 127—133, по копии, хранившейся в архиве семьи Герцена. Местонахождение этой копии и белового автографа в настоящее время неизвестно.

    текста автографа: «Mais aussi loin d’être indifférente, la démocratie sociale, par ses représentants les plus illustres, a agi avec entraînement, avec passion et ne m’a pas dit: „c’est votre affaire particulière, nous ne pouvons pas nous occuper des personnes, nous ne nous occupons que du genre humain en bloc,,» <«Но социальная демократия отнюдь не обнаружила равнодушия, через своих самых видных представителей она горячо, с увлечением откликнулась и не сказала мне: „Это ваше частное дело, мы не можем заниматься отдельными личностями, мы занимаемся родом человеческим в целом“») (стр. 326) в публикации Лемке следует: «Voilà pourquoi, loin de se montrer indifférente la démocratie sociale a agi dans cette circonstance avec autant d’entraînement que de raison. Ses représentants ne m’ont pas répondu „c’est votre affaire particulière personnelle, nous ne nous occupons pas que du genre humain en bloc“, mais ils m’ont dit: „Vous avez besoin de nous, nous voilà!“» <«Вот почему социальная демократия, отнюдь не оставаясь равнодушной, действовала в данном случае столько же по велению чувств, сколько и руководствуясь доводами разума. Ее представители не сказали мне: „Это ваше частное дело, мы занимаемся делами рода человеческого в целом“, но она сказала: „Мы вам нужны, и мы пришли!“»>;

    «... pendant une année entière personne n’a entendu un mot de moi» <«... в течение целого года никто не слыхал от меня ни единого слова»> (стр. 326) — следует: «Pendant tout ce temps j’ai comprimé ma souffrance, je l’ai refoulée en moi, je n’ai permis à personne de lire au fond de mon cœur» <«В течение всего этого времени я не выдавал своих страданий, я скрывал их в себе, читать в своем сердце»>;

    «...de mépris, si je ne puis le couvrir de terre» <«... презрением, если уж не могу покрыть его землею»> (стр. 328) — следует: «...de mépris, et, s’il le faut après, je le couvrirai de terre» <«... презрением, a если будет нужно, покрою затем и землею»>;

    после абзаца, кончающегося словами: «... настоящее » (стр. 335) — следует абзац, отсутствующий в автографе: «Permettez-moi de vous communiquer dans ma lettre suivante quels sont les moyens qui me paraissent les plus efficaces pour atteindre le but que je me suis proposé» <«Позвольте мне сообщить вам в следующем письме, какие способы мне кажутся наиболее действенными для достижения той цели, которую я себе поставил»>;

    приписка «Вот черновик письма...» (стр. 336) в публикации Лемке приведена по-русски; это указывает на то, что она, вероятнее всего, была адресована Герценом к М. К. Рейхель.

    отмечает, что оно проникнуто горячей симпатией к Герцену, исполнено гнева и негодования против Гервега, и призывает пригвоздить последнего к позорному столбу (см. Raul Labrу. Herzen et Proudhon. Paris, 1928, стр. 132). О получении этого письма Герцен упоминает также в письмах 204 и 207.

    . — Герцен говорит о своем отказе от дуэли с Гервегом и решении обратиться к «суду демократии» (см. письма 160, 201 и комментарии к ним).

    ...со злодеем, которого вы так метко охарактеризовали... — Свое отрицательное отношение к Гервегу Прудон высказал не только в не дошедшем до нас письме к Герцену. Еще ранее, 11 мая 1852 г., он писал Хоецкому: «Г-жа Тесье дю Мотэ подробно осведомила меня о вашей жизни в Ницце и о трагедиях, которые там происходят. Я с 1844 г. считал этого господчика негодяем; мысль, что его жена одобряет его беспорядочный образ жизни, мало располагала меня на первых порах в пользу жалкого созданья, в чем она имела случай убедиться. Я думал, что мне не следует навязывать ни вам, ни нашим друзьям своих тайных чувств. Я не ожидал, что такая страшная развязка явится для вас доказательством того, что за неких лиц по большей части скрывается отсутствие настоящих убеждений, нехватка воли и сердца» (P. -J. Proudhon. Correspondance, t. IV, стр. 287). Хотя имя Гервега в цитируемом письме заменено звездочками, не вызывает сомненья, что речь идет о нем и о семейной драме Герцена.

    ...письмо Маццини, написанное в том же духе. — Об этом письме, полученном Герценом в марте 1852 г., см. в комментарии к письму 159.

    ...вема— Тайное судилище в средневековой Германии (Vehme или Fehme), приговор которого выносился в отсутствие обвиняемого.

    ... — Герцен имеет в виду открытое письмо Гервега в редакцию газеты «Neue Zürcher Zeitung», напечатанное в номере от 18 июля 1852 г. (см. комментарий к письму 204).

    Гервег сделал на нас донос в полицию... — После инцидента 1 июля 1852 г., происшедшего во время объяснения Гауга и Тесье дю Мотэ с Гервегом, последний обратился за защитой к полиции. См. также письмо 197.

    16 ноября 51 г. страшное несчастье ∞ обрушилось на мою семью— См. письмо 130.

    Он принял это бедствие, как он сам об этом пишет, за хорошее для себя предзнаменование— Речь идет о письме Гервега к Герцену, полученном им 28 января 1852 г. (см. комментарий к письму 149).

    ... он оповестил обо всем ∞ своего парижского приятеля, коротко знакомого ∞ с одним русским семейством... — Речь идет об А. Колачеке, который сообщил о содержании письма Гервега семейству Рейхелей (см. комментарий к письму 151, а также письмо 160).

    — Герцен имеет в виду прежде всего письмо жены от 18 февраля 1852 г. к Гервегу (см. в письме 150) и ее письмо-исповедь к М. К. Рейхель (см. письмо 151).

    ...живет со старой прелестницей, которая в свою очередь его содержит... — О г-же Кох см. письма 187 и 194.

    ...отказывается от своих долгов ∞ заставив свою жену подписать за него вексель— См. комментарий к письму 220.

    ...был способен напечатать ∞ что я раздаю русское золото. — Герцен имеет в виду упомянутое им выше письмо Гервега в редакцию «Neue Zürcher Zeitung» (см. комментарий к письму 204).

    ...он мне должен еще 13 000 фр— См. комментарий к письму 220.

    ...«что его имя дорого демократии». — Имеется в виду письмо Эммы Гервег, опубликованное в газете «L’Avenir de Nice» 20 июля 1852 г., с которым она выступила в защиту мужа (см. комментарий к письму 208).

    ...как я уже писал в другом месте— Герцен приводит (не вполне точно) заключительные слова своего «аппеля к демократии» по поводу суда чести над Гервегом (см. VII, 386—389, а также комментарий к письму 201).

    Мне хочется знать ваше мнение о письме. Мне оно кажется хорошим— Герцен придавал большое значение настоящему письму и хотел, чтобы оно получило широкую огласку. Он просил М. К. Рейхель снять с него копию для отправки в Россию, дать прочесть его друзьям Прудона и пр. (см. письма 218 и 221). Возможно, что публикуемый черновой экземпляр был ей послан с той же целью распространения письма.

    [244] Над этим словом в автографе надписано: l’effronterie.

    ’effronterie <наглость>. — Ред.

    [246] ныне отпущаеши (лат.). — Ред.

    Раздел сайта: