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    Кантемир (kantemir.lit-info.ru)
  • Du développement des idées révolutionnaires en Russie (О развитии революционных идей в России).
    Épilogue ( Эпилог)

    Épilogue

    Pendant les sept ou huit dernières années avant la révolution de Février, les idées révolutionnaires allaient s'accroissant, grâce à la propagande et au travail interne qui prenait un essort de plus en plus considérable. Le gouvernement paraissait las de poursuites.

    La grande question qui dominait toutes les autres et qui commençait à agiter le gouvernement, la noblesse et le peuple, c'était la question de l'émancipation des paysans. On sentait bien qu'il était impossible d'aller plus loin avec le carcan du servage au cou. L'oukase du 2 avril 1842 qui invitait la noblesse à céder quelques droits aux paysans, en retour des redevances et des obligations qu'on avait stipulées de part et d'autre, prouve assez clairement, que le gouvernement voulait l'émancipation.

    La noblesse des provinces s'en émut, se divisa en partis, prenant cause pour ou contre l'affranchissement. On se hasardait à parler de l'émancipation dans les réunions électorales. Le gouvernement permit à la noblesse, dans deux ou trois chels-lieux, de nommer des comités pour aviser aux moyens d'affranchir les serfs. Une partie des seigneurs étaient exaspérés, ils ne voyaient dans cette grande question sociale qu'une attaque de leurs privilèges et de la propriété et s'opposaient à toute innovation, se sachant appuyés par l'entourage du tzar. La jeune noblesse voyait plus clair et calculait mieux. Ici, nous ne parlons pas de ces quelques individus pleins de dévoûment et d'abnégation, qui sont prêts à sacrifier leurs biens, pour effacer le mot dégradant de servage du front de la Russie et pour expier l'ignoble exploitation du paysan. Les enthousiastes ne peuvent jamais entraîner une classe entière, si ce n'est en pleine révolution, comme la noblesse française a été entraînée le 4 août 1792 par une généreuse minorité. La grande majorité des émancipateurs désiraient l'émancipation, non seulement parce qu'ils en comprenaient la justice mais aussi parce qu'ils en voyaient la nécessité. Ils voulaient régler l'émancipation à temps pour réduire au minimum les pertes. Ils voulaient prendre l'initiative pendant qu'ils avaient le pouvoir. S'opposer et rester les bras croisés était le moyen le plus sûr de voir l'empereur ou le peuple entrer dans la voie pour ne s'arrêter qu'à l'expropriation.

    éloff, le représentant de l'émancipation dans le sein du gouvernement et le ministre de l'intérieur Pérofski, qui a tué l'oukase du 2 avril par ses commentaires,recevaient des projets de toutes les parties de l'empire. Bons ou mauvais, ces projets décelaient une grande préoccupation du pays.

    A travers toute la divergence d'opinions et de vues, à travers toute la différence de position, d'intérêt de localité, un principe était admis sans contestation. Ni le gouvernement, ni la noblesse, ni le peuple ne pensaient à émanciper les paysans sans leurs terres. On variait infiniment dans l'appréciation de la quote-part à concéder aux paysans, des conditions à leur imposer, mais personne ne parlait sérieusement d'une émancipation dans le prolétariat, si ce n'est quelques incurables adeptes de la vieille économie politique.

    Créer une vingtaine de millions de – prolétaires, c'était une perspective qui faisait, et pour cause, pâlir le gouvernement et les seigneurs. Et pourtant, du point de vue de la religion de la propriété, du droit absolu et imprescriptible de la possession et de l'usage illimité, il n'y avait aucun moyen de résoudre la question sans une insurrection en masse des paysans, sans un ébranlement forcé de la possession territoriale: puisque les mutations des' propriétés faites à main armée sont acceptées comme des faits accomplis dûment légalisés par l'économie politique.

    Au prime abord, il paraît étrange que dans un pays dans lequel l'homme est presque chose, où il appartient au sol, où il fait partie de la propriété et se vend avec elle, l'idolâtrie de la propriété ait été la moins développée. On la défend avec ténacité chez nous, comme une proie, mais non comme un droit. Il était difficile d'enraciner une foi dans l'infaillibilité et la justice d'un droit dont les absurdités étaient évidentes pour les deux parties; pour le seigneur qui possédait ses paysans, comme pour le paysan serf qui n'était pas le propriétaire de sa possession. On savait que l'origine des droits seigneuriaux était assez obscure; on savait bien qu'une série de mesures, arbitraires, mesures de police, avaient peu à peu asservi la Russie agricole à la Russie nobiliaire; on pouvait donc s'imaginer une autre série de mesures qui l’ émancipassent.

    Le manque même de notions juridiques bien arrêtées, le vague dans les droits ne permettaient pas non plus aux idées de propriété de se consolider, de prendre corps. Le peuple russe n'a vécu que de la vie communale, il ne comprend ses droits et ses devoirs que par rapport à la commune. Hors d'elle il ne reconnaît pas de devoirs et ne voit que la violence. En s'y soumettant, il ne se soumet qu'à la force; l'injustice flagrante d'une partie de la législation l’а amené au mépris de l'autre. L'inégalité complète devant le tribunal a tué en lui le germe du respect pour la légalité. Le Russe, à quelque classe qu'il appartienne, enfreint la loi, partout où il peut le faire impunément; le gouvernement agit de même. C'est pénible et triste pour le moment, mais il y a un avantage immense pour l'avenir.

    ère l'état visible il n'y a pas d'état invisible, qui ne soit que l'apothéose, la transfiguration de l'ordre de choses existant, il n'y a pas d'idéal impossible qui ne coïncide jamais avec la réalité, tout en la promettant toujours. Il n'y a rien derrière les palissades où une force supérieure nous tient en état de siège. La possibilité d'une révolution en Russie se réduit à une question de force matérielle. C'est ce qui fait de ce pays, sans autres causes que celles que nous avons mentionnées, le sol le mieux préparé pour une régénération sociale.

    Nous avons dit que, dès l'apparition du saint-simonisme, après 1830, le socialisme fit une grande impression sur les esprits, à Moscou. On voyait dans cette doctrine l'expression d'un sentiment plus intime que dans les doctrines politiques, habitué qu'on était aux communes, aux partages des terres, aux associations ouvrières. Témoins de l'abus le plus exorbitant du droit de propriété, nous étions moins froissés par le socialisme que le bourgeois occidental.

    Peu à peu les productions littéraires se pénétraient de tendances et d'inspirations socialistes. Les romans et les nouvelles même les écrits des Slavophiles protestaient contre la société actuelle, d'un point de vue qui était plus que politique. Il suf, fit de citer le roman de Dostoïetski Les Pauvres Gens.

    A Moscou le socialisme marchait de front avec la philosophie de Hegel. L'alliance de la philosophie moderne et du socialisme n'est pas difticile à concevoir, pourtant ce n'est que dans ce dernier temps que les Allemands ont accepté la solidarité entre la science et la révolution, non qu'ils ne la comprissent pas auparavant, mais parce que le socialisme, comme tout ce qui est pratique, ne les intéressait pas. Les Allemands pouvaient être profondément radicaux dans la science en restant conservateurs dans leurs actions, poètes sur papier et bourgeois dans la vie. Le dualisme nous est, au contraire, antipathique. Le socialisme nous paraissait être le syllogisme le plus naturel de la philosophie, l'application de la logique à l'Etat.

    Il est à remarquer qu'à Pétersbourg le socialisme revêtait un autre caractère. Là, les idées révolutionnaires ont toujours été plus pratiques qu'à Moscou; leur fanatisme froid est celui des mathématiciens; à Pétersbourg on aime la régularité, la discipline, l'application. Pendant qu'on dispute à Moscou, on s'associe à Pétersbourg. La franc-maçonnerie et le mysticisme avaient leurs adeptes les plus ardents dans cette dernière ville, c'est là que se publiait le Messager de Sion, organe de la société biblique. La conjuration du 14 décembre a mûri à Pétersbourg, elle ne se serait jamais assez développée à Moscou pour descendre sur la place publique. A Moscou, il est très difficile de s'entendre; les individualités sont trop capricieuses et trop épanouies. AMoscou, il y a plus d'éléments poétiques, plus d'érudition et avec cela plus de nonchalance, de laisser-aller, plus de paroles inutiles, plus de divergence d'opinions. Le saint-simonisme vague, religieux et en même temps analytique allait merveilleusement bien aux moscovites. Après l'avoir étudié, ils passaient tout naturellement à Proudhon, comme de Hegel à Feuerbach.

    érisme plus que le saint-simonisme convient à la jeunesse studieuse de Pétersbourg. Le fouriérisme, qui ne tendait qu'à une réalisation immédiate, qui voulait l'application pratique, qui rêvait, lui aussi, mais qui appuyait ses rêves sur des calculs arithmétiques, qui cachait sa poésie sous le titre d'industrie et son amour de liberté sous l'embrigadement des ouvriers, le fouriérisme devait trouver un écho à Pétersbourg. Le phalanstère n'est autre chose qu'une commune russe et une caserne de travailleurs, une colonie militaire sur le pied civil, un régiment industrieux. On a remarqué que l'opposition qui lutte de Iront avec un gouvernement a toujours quelque chose de son caractère mais en sens inverse. Et je crois bien qu'il y a quelque fond de vérité dans la crainte que le gouvernement russe commence à avoir ducommunisme: le communisme с'est l'autocratie russe renversée.

    Pétersbourg devancera Moscou, au nom de ces opinions tranchées, bornées peut-être, mais actives et pratiques. L'honneur de l'initiative lui appartiendra avec Varsovie, mais si le tzarisme succombe, le centre de la liberté sera dans le cœur de la nation, à Moscou.

    L'avortement complet de la révolution en France, la malheureuse issue de la révolution de Vienne et la fin comique de celle de Berlin furent en Russie le commencement d'une réaction redoublée. Tout fut paralysé de nouveau, le projet de l'émancipation des serfs abandonné et remplacé par celui de fermer toutes les Universités; on créa une double censure et de nouvelles difficultés à la remise des passeports pour les pays étrangers. On poursuivit les journaux, les livres, les paroles, les costumes, les femmes et les enfants.

    En 1849 une nouvelle phalange de jeunes gens héroïques est allée en prison, et de là aux travaux forcés et en Sibérie[17]. Une terreur accablante abattit tous les germes, fit courber toutes les têtes, la vie intellectuelle se cacha de nouveau ou ne laissa percer que la frayeur, qu'une désolation muette, et depuis chaque nouvelle qui venait de la Russie remplissait l'âme de désolation et d'une profonde tristesse.

    êterons point à ce tableau lugubre d'une lutte inégale où chaque fois la pensée est écrasée par la force. Il n'y a là rien de nouveau, c'est ce procès interminable qui traverse toute l'histoire et qui aboutit de temps en temps à la ciguë, à la croix, aux autodafés, aux fusillades, aux pendaisons et aux déportations.

    à étouffer tous les germes du progrès. Ils font périr beaucoup de personnes dans des souffrances morales terribles, mais nous devions nous y attendre, et certes ces mesures réveillent plus de gens qu'ils n'en désarment.

    Pour étouffer réellement en Russie le principe révolutionnaire, la conscience de la position et la tendance d'en sortir, il faudrait que l'Europe entrât encore plus avant dans les principes et dans les voies du gouvernement de Pétersbourg, que son retour à l'absolutisme fût plus complet. Il faudrait effacer le mot de «République» du frontispice de la France, ce mot terrible, lors même qu'il est un mensonge et une dérision. Il faut arracher à l'Allemagne le droit imprudemment concédé de la parole libre. Le lendemain de la journée où un gendarme prussien, aidé d'un Croate, aura cassé les dernières presses sur le piédestal de la statue de Guttenberg traînée dans la boue par des frères ignorantins, ou, à Paris, sur la place de la Révolution, un bourreau, béni par le Pape, aura brûlé les œuvres des philosophes français, le lendemain, de cette journée, l'omnipotence du tzar aura atteint son apogée.

    Ceci est-il possible?

    Qui peut dire de nos jours ce qui est possible et ce qui ne l'est pas? Le combat n'est pas fini, la lutte continue.

    été plus étroitement uni à l'avenir de l'Europe qu'il ne l'est aujourd'hui. On a vu nos espérances – mais nous ne voudrions répondre de rien, non par vanité puérile, de crainte que l'avenir ne nous donnât un démenti, mais par impossibilité de prévoir quelque chose dans une question dont la solution ne dépend pas exclusivement des données intérieures.

    D'un côté, le gouvernement russe n'est pas russe, mais en général despotique et rétrograde. Il est plus allemand que russe, comme le disent les Slavophiles, et c'est là ce qui explique la sympathie et l'amour avec lequel les autres gouvernements se tournent vers lui. Pétersbourg, c'est la nouvelle Rome, la Rome de l'esclavage universel, la métropole de l'absolutisme, voilà pourquoi l'empereur de Russie fraternise avec l'empereur d'Autriche et l’aide a opprimer les Slaves. Le principe de son pouvoir n'est pas national, et l’absolutisme est plus cosmopolite que la révolution.

    D'un autre côté, les espérances et les aspirations de la Russie révolutionnaire coïncident avec les espérances et les aspirations de l'Europe révolutionnaire et anticipent sur leur alliance dans l'avenir. L'élément national que la Russie apporte, c'est la fraîcheur de la jeunesse et une tendance naturelle vers les institutions socialistes.

    L'impasse où sont arrivés les Etats de l'Europe est manifeste. Il leur faut nécessairement s'élancer vigoureusement en avant ou reculer plus qu'ils ne le font. Les antithèses sont trop inexorables, les questions trop tranchées et trop mûries par les souffrances et les haines pour pouvoir s'arrêter à des semi-solutions, à des transactions paisibles entre l'autorité et la liberté. Mais s'il n'y apasde salut pour les Etats dans la forme danslequelle ils existent, le genre de leur mort peut être bien différent. La mort peut venir par la palingénésie ou par la putréfaction, par la révolution ou par la réaction. Le conservatisme qui n'a d'autre but que la conservation d'un statu quo usé, est aussi destructif que la révolution. Il anéantit le vieil ordre, non pas par le feu ardent de l'inflammation, mais par le feu lent du marasme.

    Si le conservatisme a le dessus en Europe, le pouvoir impérial en Russie non seulement écrasera la civilisation, mais il anéantira toute la classe d'hommes civilisés, et puis…

    à devant une question toute nouvelle, devant un avenir mystérieux. L'autocratie, après avoir triomphé de la civilisation, se trouvera face à face avec un soulèvement de paysans, avec une révolte colossale dans le genre de celle de Pougatcheff. La moitié de la force du gouvernement de Pétersbourg est basée sur la civilisation et sur la profonde division qu'il a fomentée, entre les classes civilisées et les paysans. Le gouvernement s'appuie constamment sur les premières, c'est dans le sein de la noblesse qu'il prend les moyens, les hommes et les conseils. En brisant dans ses mains un instrument si essentiel, l'empereur redevient tzar, mais il ne suffira pas pour cela de laisser pousser la barbe et de revêtir le zipoun. La maison Holstein-Gottorp est trop allemande, trop pédantesque, trop apprise pour se jeter franchement dans les bras d'un nationalisme à demi sauvage, pour se mettre à la tête d'un mouvement populaire qui ne voudra au commencement que régler ses comptes avec la noblesse, qu'étendre les institutions de la commune rurale à toutes les propriétés, aux villes, à l'Etat entier.

    Nous avons vu une monarchie entourée d'institutions républicaines, mais notre imagination se refuse à concevoir un empereur de Russie entouré d'institutions communistes.

    Avant que cet avenir éloigné se réalise, il s'accomplira bien des choses et l'influence de la Russie impériale en sera pas moins funeste pour l'Europe réactionnaire que l'influence de cette dernière le sera pour la Russie. C'est elle, c'est cette Russie soldatesque qui veut, par les baïonnettes, mettre une fin aux questions qui agitent le monde. C'est elle qui mugit et gronde comme la mer aux portes du monde civilisé, toujours prête à déborder, toujours frémissante du désir d'envahir, comme si elle n'avait rien à faire chez elle, comme si des remords et des vertiges troublaient l'esprit de ses souverains.

    La réaction seule peut ouvrir ces portes. Ce sont les Habsbourg et les Hohenzollern qui solliciteront l'aide fraternelle de l'armée russe et la guideront au cœur de l'Europe.

    C'est alors que le grand parti de l'ordre verra ce que c'est qu'un gouvernement fort, ce que c'est que le respect de l'autorité Nous conseillons aux petits princes de l'Allemagne d'étudier dès à présent le sort des princes royaux de la Géorgie, auxquels on a donné à Pétersbourg un peu d'argent, le titre d'altesse et le droit d'avoir une couronne royale sur leur voiture. L'Europe révolutionnaire, au contraire, ne peut être vaincue par la Russie impériale. Elle sauvera la Russie d'une crise affreuse et elle se sauvera elle-même de la Russie.

    ès avoir travaillé vingt ans, est parvenu à allier d'une manière indissoluble la Russie à l'Europe révolutionnaire.

    Il n'y a plus de frontières entre la Russie et la Pologne.

    Or donc, l'Europe sait ce que c'est que la Pologne, cette nation abandonnée de tout le monde dans une lutte inégale, qui depuis a versé à flots son sang 'sur tous les champs de bataille où il s'est agi de conquérir la liberté d'un peuple quelconque. On connaît ce peuple qui, après avoir succombé sous le nombre, a traversé l'Europe en triomphateur plutôt qu'en vaincu, et s'est dispersé dans les autres peuples pour leur enseigner, malheureusement sans succès, l'art de succomber sans fléchir, sans s'avilir et sans perdre la foi. Eh bien, on peut anéantir la Pologne, mais non pas l'asservir, on peut exécuter la menace de Nicolas de ne laisser sur la place de Varsovie qu'une inscription et un tas de pierres, mais la rendre esclave, à l'instar des provinces paisibles de la Baltique, c'est impossible.

    Confondant la Pologne avec la Russie, le gouvernement a élevé un pont immense pour le passage solennel des idées révolutionnaires, un pont qui commence à la Vistule et finit à la Mer Noire. La Pologne est censée morte, mais à chaque appel elle répond «Présente», comme l'a dit, en 1848, l'orateur d'une deputation polonaise. Elle ne doit pas bouger, sans être sûre de ses voisins occidentaux, car elle en a assez de la sympathie de Napoléon et des célèbres paroles de Louis-Philippe: «La nationalité polonaise ne périra pas».

    Ce n'est pas de la Pologne, ce n'est pas de la Russie que nous doutons, c'est de l'Europe. Si nous avions quelque foi dans les-peuples d'Occident, avec quel empressement eussions-nous dit aux Polonais:

    «Votre sort, frères, est pire que le nôtre, vous avez beaucoup souffert, patience encore; un grand avenir est au bout de vos malheurs. Vous tirerez une vengeance sublime, vons aiderez l'émancipation de ce peuple par les mains duquel on a rivé vos fers. Dans vos ennemis, au nom du tzar et de l'autocratie, vous reconnaîtrez vos frères, au nom de l'indépendance et de la liberté».

    Эпилог

    Правительство, казалось, устало преследовать.

    Важнейшим вопросом, который преобладал над всеми другими и начинал тревожить правительство, дворянство и народ, был вопрос об освобождении крестьян. Все хорошо понимали, что идти дальше с ошейником рабства на шее невозможно.

    Указ от 2 апреля 1842 года, приглашавший дворянство уступить некоторые права крестьянам взамен оброков и обязательств, оговоренных обеими сторонами, достаточно ясно свидетельствует о том, что правительство желало отмены крепостного права.

    позволило дворянству в двух или трех главных губернских городах назначить комитеты, чтобы обсудить способы освобождения крестьян. Часть помещиков была раздражена до крайности, в этом важнейшем социальном вопросе помещики видели лишь нападение на свои привилегии и на свою собственность и восставали против любого нововведения, чувствуя поддержку приближенных царя. Молодое дворянство видело зорче и рассчитывало лучше. Мы не говорим здесь о тех немногих лицах, полных самоотверженности и самоотречения, которые готовы были пожертвовать своими имениями, чтобы стереть с чела России унизительное слово «крепостничество» и искупить гнусную эксплуатацию крестьянина. Энтузиасты никогда не могут увлечь за собой целый класс, разве только в разгар революции, как 4 августа 1792 года, когда великодушное меньшинство увлекло за собой французское дворянство. Большая часть поборников освобождения желала освобождения не только потому, что понимала справедливость его, но и потому, что видела его необходимость. Она хотела провести освобождение вовремя, чтобы свести к минимуму потери. Она хотела взять на себя почин, пока располагала властью. Противиться или сидеть сложа руки было вернейшим способом увидеть, как возьмутся за дело освобождения император или народ, которые не остановятся ни перед чем, вплоть до экспроприации.

    Министр государственных имуществ Киселев, представитель сторонников освобождения в самом правительстве, и министр внутренних дел Перовский, погубивший указ от 2 апреля своими разъяснениями, получали проекты со всех концов империи. Хороши или плохи были эти проекты, но они говорили о глубокой тревоге в стране.

    При всей разноречивости мнений и взглядов, при всем различии положений и местных интересов, один принцип был принят без всяких возражений. Ни правительство, ни дворянство, ни народ не думали об освобождении крестьян без земли. Бесконечно меняли определение доли, которую предстояло уступить крестьянам, и условия, которые предстояло им поставить, но никто всерьез не говорил об освобождении в пролетариат, разве только какой-нибудь неисправимый последователь старой политической экономии.

    Создать миллионов двадцать пролетариев – это была перспектива, заставлявшая, и не без основания, бледнеть правительство и помещиков. И все же, с точки зрения религии собственности, абсолютного и незыблемого права владения и неограниченного пользования им, не было никакого способа решить вопрос без восстания крестьянской массы, без насильственного потрясения самой земельной собственности, поскольку отторжение имущества силой оружия считается совершившимся фактом, по необходимости узаконенным политической экономией. На первый взгляд кажется странным, что в стране, где человек является почти вещью, где он прикреплен к земле, составляет часть имения и продается вместе с ним, идолопоклонство перед собственностью было всего менее развито. У нас ее упорно защищают, но как добычу, а не как право. Трудно было внедрить веру в непогрешимость и справедливость права, нелепость которого очевидна для обеих сторон: и для помещика, который владел своими крестьянами, и для крепостного крестьянина, который не был хозяином своего владения. Все знали, что происхождение помещичьих прав – довольно темное; все хорошо знали, что ряд произвольных мер – мер полицейских – мало-помалу поставил земледельческую Россию в крепостную зависимость от России дворянской; поэтому можно было представить себе другой ряд мер, которые бы ее освободили.

    Самое отсутствие точно установленных юридических понятий, неопределенность прав тем более не позволяли утвердиться идеям собственности, принять четкую форму. Русский народ жил только общинной жизнью, свои права и обязанности он понимает лишь по отношению к общине. Вне ее он не признает обязанностей и видит только насилие. Подчиняясь ему, он подчиняется лишь силе; вопиющая несправедливость одной части законов вызвала в нем презрение к другой. Полное неравенство перед судом убило в нем в самом зародыше уважение к законности. Русский, к какому бы классу он ни принадлежал, нарушает закон всюду, где он может сделать это безнаказанно; точно так же поступает правительство. Это тяжело и печально для настоящего времени, но для будущего тут огромное преимущество.

    хоть и всегда обещает стать ею. Ничего нет за этими заборами, где нас держит в осаде сила, превосходящая нашу. Вопрос о возможности революции в России сводится к вопросу о материальной силе. Вот почему; не считая иных причин, помимо упомянутых нами, эта страна становится почвой, наилучшим образом подготовленной для социального возрождения. Мы уже сказали, что после 1830 года, с появлением сенсимонизма, социализм произвел в Москве большое впечатление на умы. Привыкнув к общинам, к земельным разделам, к рабочим артелям, мы видели в этом учении выражение чувства более нам близкого, чем в учениях политических. Нас, свидетелей самых чудовищных злоупотреблений, социализм смущал меньше, чем западных буржуа.

    Мало-помалу литературные произведения проникались социалистическими тенденциями и одушевлением. Романы и рассказы, даже писания славянофилов, протестовали против современного общества с точки зрения не только политической. Достаточно упомянуть роман Достоевского «Бедные люди»,

    В Москве социализм развивался вместе с гегелевской философией. Союз новой философии с социализмом представить себе не трудно, но лишь в последнее время немцы признали тесную связь науки и революции, и не потому, чтобы они прежде не понимали ее, а потому, что социализм, как все практическое, их не интересовал. Немцы могли быть глубоко радикальными в науке, оставаясь консервативными в своих поступках, поэтами – на бумаге и буржуа – в жизни. Нам же, напротив, дуализм противен. Социализм нам представляется самым естественным философским силлогизмом, приложением логики к государству.

    Нужно отметить, что в Петербурге социализм принимал иной характер. Там революционные идеи всегда были более практическими, нежели в Москве; холодный фанатизм петербуржцев – фанатизм математиков; в Петербурге любят порядок, дисциплину, практическую применимость. Пока в Москве спорят, в Петербурге объединяются. В этом городе франкмасонство и мистицизм имели своих самых горячих приверженцев, именно там выходил «Сионский вестник», орган библейского общества. Заговор 14 декабря созрел в Петербурге; он никогда не вырос бы в Москве настолько, чтобы выйти на площадь. В Москве трудно сговориться; личности там слишком своенравны и слишком своеобычны. В Москве больше поэтических начал, больше эрудиции и, вместе с тем, больше беспечности, небрежности, больше бесполезных слов, больше разномыслия. Неясный, религиозный и в то же время аналитический сенсимонизм удивительно хорошо подходил к москвичам. Изучив его, они совершенно естественно переходили к Прудону, так же, как от Гегеля – к Фейербаху.

    Петербургской учащейся молодежи больше подходит фурьеризм, нежели сенсимонизм. Фурьеризм, который стремился к немедленному претворению в жизнь, требовал практического приложения, который тоже мечтал, но основывал свои мечты на арифметических выкладках и скрывал свою поэзию под именем промышленности, а любовь к свободе – под объединением рабочих в бригады, – фурьеризм должен был найти отклик в Петербурге. Фаланстер – не что иное, как русская община и рабочая казарма, военное поселение на гражданский лад, полк фабричных. Замечено, что у оппозиции, которая открыто борется с правительством, всегда есть что-то от его характера, но в обратном смысле. И я уверен, что существует известное основание для страха, который начинает испытывать русское правительство перед коммунизмом: коммунизм – это русское самодержавие наоборот.

    будет в сердце нации, в Москве.

    Полная неудача революции во Франции, злополучный исход революции в Вене и комический финал революции в Берлине дослужили началом усилившейся реакции в России. Вновь все было парализовано; проект освобождения крепостных забросили, заменив его решением закрыть все университеты; ввели двойную цензуру и создали новые трудности для выдачи заграничных паспортов. Подвергли преследованиям газеты, книги речи, костюмы, женщин и детей.

    В 1849 году новая фаланга героических молодых людей отправилась в тюрьму, а оттуда на каторжные работы и в Сибирь[51]. Гнетущий террор сломал все ростки, заставил склониться все головы, умственная жизнь вновь затаилась, а если проявляла себя, то лишь страхом, лишь немым отчаянием, и с тех пор всякая весть, приходившая из России, наполняла душу скорбью и глубокой печалью.

    Не будем останавливаться на этой мрачной картине неравной борьбы, где мысль каждый раз подавляется силой. Ничего, нового в ней нет: это тот же бесконечный процесс, пронизывающий всю, историю и приводящий время от времени к цикуте, распятию на кресте, аутодафе, расстрелам, виселицам и ссылкам.

    – средства жестокие, – не в силах однако задушить все ростки прогресса. Они заставляют погибать многих в ужасных нравственных страданиях, но мы должны быть к этому готовы, и несомненно, людей, пробужденных этими мерами больше, чем обезоруженных.

    Чтобы действительно задушить в России революционное начало, – сознание положения и стремление выйти из него, – Европе надо бы еще глубже усвоить принципы и пути петербургского правительства, тогда ее возврат к абсолютизму будет более полным. Надо бы стереть слово «Республика» с фасада Франции – это грозное слово, будь оно даже ложью или насмешкой. Надо бы отобрать у Германии данное ей по неосторожности право на свободное слово. На другой день после того, как прусский жандарм, при помощи хорвата, сломает последние печатные станки на пьедестале статуи Гуттенберга, которую сволокли в грязь братья иньорантинцы, или палач в Париже, с благословения папы, сожжет на площади Революции творения французских философов, – на другой же день всемогущество царя достигнет своего апогея. Возможно ли это?

    Кто в наши дни может сказать, что возможно и что невозможно? Битва не кончена, борьба продолжается.

    что будущее нас уличит во лжи, но по невозможности предвидеть что-либо в вопросе, решение которого полностью не зависит от внутренних условий.

    С одной стороны, русское правительство – не русское, но вообще деспотическое и ретроградное. Как говорят славянофилы, оно скорее немецкое, чем русское, – это-то и объясняет расположение и любовь к нему других государств. Петербург – это новый Рим, Рим мирового рабства, столица абсолютизма; вот почему русский император братается с австрийским и помогает ему угнетать славян. Принцип его власти не национален, абсолютизм более космополитичен, чем революция.

    – это свежесть молодости и природное тяготение к социалистическим установлениям.

    Государства Европы явно зашли в тупик. Им необходимо, сделать решительный бросок вперед или же отступить еще дальше, чем сейчас. Противоречия слишком непримиримы, вопросы слишком остры и слишком назрели в страданиях и ненависти, чтобы остановиться на половинчатых решениях, на мирных соглашениях между властью и свободой. Но если нет спасения для государств, при данной форме их существования, то род их смерти может быть весьма различен. Смерть может прийти через возрождение или разложение, через революцию или реакцию. Консерватизм, не имеющий иной цели, кроме сохранения устаревшего stains quo[52], так же разрушителен, как и революция. Он уничтожает старый порядок не жарким огнем гнева, а на медленном огне маразма. Если консерватизм возьмет верх в Европе, императорская власть в России не только раздавит цивилизацию, но уничтожит весь класс цивилизованных людей, а затем…

    А затем – вот мы и оказались перед совершенно новым вопросом, перед таинственным будущим. Самодержавие, восторжествовав над цивилизацией, очутится лицом к лицу с крестьянским возмущением, с огромным восстанием, наподобие пугачевского. Сила петербургского правительства наполовину основана на цивилизации и на той глубокой розни, которую оно поселило между цивилизованными классами и крестьянством. Правительство постоянно опирается на первые, именно в дворянской среде оно находит средства, людей и советы. Сломав собственными руками такое важное орудие, император вновь становится царем, но для этого недостаточно будет отпустить бороду и надеть зипун. Род Гольштейн-Готторпов – слишком немецкий, слишком педантский, слишком искушенный, чтобы откровенно броситься в объятия полудикого национализма, чтобы стать во главе народного движения, которое с самого начала захочет свести счеты с дворянством и распространить порядки сельской общины на все поместья, на города, на все государство.

    Мы видели монархию, окруженную республиканскими учреждениями, но наше воображение отказывается представить себе русского императора, окруженного учреждениями коммунистическими.

    это солдафонская Россия хочет штыками положить конец вопросам, волнующим мир. Это она шумит и грохочет, как море, у дверей цивилизованного мира, всегда готовая выступить из берегов, всегда трепещущая от жажды завоеваний, словно ей нечего делать у себя, словно угрызения совести и приступы безумия помрачают рассудок ее государей.

    Одна только реакция может открыть эти двери. Именно Габсбурги и Гогенцоллерны попросят братской помощи у русской армии и поведут ее в сердце Европы. Тогда-то великая партия порядка увидит, что такое сильное правительство, что такое уважение к власти. Мы советуем немецким князькам уже сейчас ознакомиться с судьбой грузинских великих князей, которым в Петербурге дали немного денег титул сиятельства и право иметь на карете королевскую корону. Но революционная Европа не может быть побеждена императорской Россией. Она спасет Россию от ужасного кризиса и спасется сама от России.

    Нет более границ между Россией и Польшей.

    А Европа знает, что такое Польша, – эта нация, покинутая всеми в неравной борьбе, пролившая с тех пор потоки своей крови на всех полях сражений, где дело шло о завоевании свободы для какого-нибудь народа. Все знают этот народ, который, уступив численному превосходству, прошел через Европу, скорее как победитель, а не побежденный, и рассеялся среди других народов, чтобы преподать им – к несчастью безуспешно – искусство терпеть поражение, не смиряясь, не унижаясь и не теряя веры. Итак, Польшу можно уничтожить, но не покорить, можно исполнить угрозу Николая оставить на месте Варшавы одно лишь название да груду камней, но сделать ее рабой по образцу мирных балтийских провинций – невозможно.

    – мост, который начинается у Вислы и кончается у Черного моря.

    «Здесь», как выразился в 1848 году оратор одной польской депутации. Она не должна делать ни шагу, не будучи уверена в своих западных соседях, потому что она знает цену сочувствию Наполеона и знаменитым словам Луи-Филиппа: «Польская национальность не погибнет».

    Не в Польше и не в России мы сомневаемся, а в Европе. Если бы мы питали какое-либо доверие к народам Европы, с какой охотой сказали бы мы полякам:

    «Братья, ваша участь хуже нашей, вы много страдали, потерпите еще; вас ждет великое будущее после ваших несчастий. Ваша месть будет возвышенной, вы поможете освобождению того народа, руками которого выковали ваши цепи. В ваших врагах – во имя царя и самодержавия – вы узнаете своих братьев – во имя независимости и свободы».

    Примечания

    à la société de Pétrachefski Des jeunes gens se réunissaient chez lui pour débattre des questions sociales. Ce club avait existé quelques années déjà, lorsque, au début de la campagne de Hongrie, le gouvernement résolut à lui donner les proportions d une vaste conjuration et fit multiplier les arrestations.

    Il ne trouva que des opinions là où il cherchait des complots, ce qui ne l'empêcha pas de faire condamner tous les accuses à la peine de mort, afin de se donner la gloire de la grâce. Le tzar commua leur peine en celle des mines, de l'exil ou de soldat. On cite parmi eux Spechneff, Grigorieff, Dostoïefski, Kachkine, Golovinnski, Mombelli etc.

    51. Мы имеем в виду общество Петрашевского. У него собирались молодые люди, чтобы обсуждать социальные вопросы. Этот клуб существовал уже несколько лет, когда в начале венгерской кампании, правительство решило объявить его широким заговором и усилило аресты.

    Оно нашло мнения там, где искало преступный сговор, это не помешало ему осудить всех на смертную казнь, чтобы придать себе ореол милосердия Царь заменил это наказание каторгой, ссылкой или солдатчиной. Среди осужденных называют Спешнева, Григорьева, Достоевского, Кашкина, Головинского, Момбелля и др.