• Приглашаем посетить наш сайт
    Кулинария (cook-lib.ru)
  • Mémoires de Catherine II. Préface (3аписки Екатерины II. Предисловие)

    <MEMOIRES DE CATHERINE II> 

    PREFACE

    Quelques heures après la mort de l’impératrice Catherine, son fils, l’empereur Paul, ordonna au comte Rostoptchine de mettre les scellés sur les papiers de l’impératrice. Il était lui-même présent à la mise en ordre de ces papiers. On y trouva la célèbre lettre d’Alexis Orloff[162], par laquelle, d’un ton cynique et d’une main ivre, il annonçait à l’impératrice l’assassinat de son mari, Pierre III, — et un manuscrit écrit entièrement de la main de Catherine; ce dernier était contenu dans une enveloppe cachetée, portant cette inscription: «Eгo императорскому высочеству, цecapeвичy и великомy князю Павлy Петровичy, любезномy cынy мoeмy» («A son altesse impériale, le césarévitch et grand-duc Paul, mon fils bien-aimé»). Sous cette enveloppe se trouvait le manuscrit des Mémoires que nous publions.

    Le cahier se termine brusquement vers la fin de 1759. On dit qu’il y avait des notes détachées qui auraient dû servir de matériaux pour la continuation. Il y a des personnes qui disent que Paul les a jetées au feu: il n’y a pas de certitude à ce sujet. Paul tenait en grand secret le manuscrit de sa mère, et ne le confia jamais qu’à son ami d’enfance, le prince Alexandre Kourakine. Celui-ci en prit une copie. Une vingtaine d’années après la mort de Paul, Alexandre Tourguéneff et le prince Michel Vorontzoff obtinrent des copies de l’exemplaire de Kourakine. L’empereur Nicolas, ayant entendu parler de cela, donna ordre à la police secrète de s’emparer de toutes les copies. Il y en avait, entre autres, une écrite à Odessa, par la main du célèbre poète, Pouchkine. Effectivement, les Mémoires de l’impératrice Catherine II ne circulèrent plus.

    ’empereur Nicolas se fit apporter, par le comte D. Bloudoff, l’original, le lut, le cacheta avec le grand sceau de l’Etat, et ordonna de le garder aux archives impériales, parmi les documents les plus secrets.

    A ces détails, que j’extrais d’une notice qui m’a été communiquée, je dois ajouter que la première personne qui m’en parlât, fut le précepteur de l’empereur actuel, Constantin Arsénieff. Il me disait, en 1840, qu’il avait obtenu la permission de lire beaucoup de documents secrets sur les événements qui suivirent la mort de Pierre I, jusqu’au règne d’Alexandre I. Parmi ces documents on l’autorisa à lire les Mémoires de Catherine II. (Il enseignait alors l’histoire moderne de Russie au grand-duc, héritier présomptif.)

    Pendant la guerre de Crimée on transféra les archives à Moscou. Au mois de mars 1855, l’empereur actuel se fit apporter le manuscrit pour le lire. Depuis ce temps une ou deux copies circulèrent derechef à Moscou et à Pétersbourg. C’est sur une de ces copies que nous publions les Mémoires. Quant à l’authenticité, il n’y a pas le moindre doute. Au reste, il suffit de lire deux ou trois pages du texte pour être convaincu.

    Nous nous sommes abstenus de faire des corrections du style, dans tous les cas où nous n’avions pas la conviction que la copie portait une faute de transcription.

    Passant aux mémoires eux-mêmes, qu’avons nous à dire?

    ères années de Catherine II — de cette femmeempereur, qui occupa plus d’un quart de siècle tous les esprits contemporains, depuis Voltaire et Frédéric II jusqu’au Khan de Crimée et aux chefs des Kirghiz, — ses jeunes années, racontées par elle-même!.. Qu’y a-t-il pour l’éditeur à ajouter à cela?

    En lisant ces pages, on la voit venir, ’elle a été plus tard. Enfant espiègle de quatorze ans, coiffée à la «Moïse», blonde, folâtre, fiancée d’un petit idiot — le grand-duc — elle a déjà le mal du Palais d’hiver, la soif de la domination. Un jour, étant «juchée» avec le grand-duc sur une fenêtre et plaisantant avec lui, elle voit entrer le comte Lestocq, qui lui dit: «Faites vos paquets — vous repartirez pour l’Allemagne». Le jeune idiot ne semble pas três affecté de cette séparation possible. «Ce m’était aussi une affaire assez indifférente», — dit la petite Allemande, — «mais la couronne de Russie ne me l’était pas», — ajoute la grande-duchesse.

    Voilà, en herbe, la Catherine de 1762!

    êver à la couronne au reste était tout naturel, — dans cette atmosphère de la cour impériale, — non seulement pour la fiancée de l’héritier présomptif, mais pour tout le monde. Le palefrenier Biron, le chanteur Rasoumovski, le prince Dolgorouki, le plébéien Ménchikoff, l’oligarque Volynski, — tout le monde voulait avoir un lambeau du manteau impérial. La couronne de Russie était — après Pierre I — une res nullius.

    Pierre I, terroriste et réformateur avant tout, n’avait aucun respect pour la légitimité. Son absolutisme s’efforçait d’aller même au-delà de la tombe. Il se donna le droit de désigner son successeur, et, au lieu de le faire, il se borna à ordonner l’assassinat de son propre fils.

    Après la mort de Pierre I, les grands de l’Etat s’assemblent pour aviser. Ménchikoff arrête toute délibération et proclame impératrice son ancienne maîtresse, veuve d’un brave dragon suédois, tué sur le champ de bataille, et veuve de Pierre I, auquel Ménchikoff l’avait cédée «par dévouement».

    Le règne de Catherine I est court. Après elle la couronne continue à passer d’une tête à l’autre, au hasard: de la ci-devant cabaretière livonienne à un gamin (Pierre II); de ce gamin, qui meurt de la petite vérole, à la duchesse de Courlande (Anne); de la duchesse de Courlande à une princesse de Mecklenbourg, mariée à un prince de Brunswick, qui règne au nom d’un enfant au berceau (Ivan); de l’enfant né pour régner, la couronne passe sur la tête d’une fille née trôp tot — Elisabeth. C’est elle qui représente la légitimité.

    La tradition rompue, brisée, le peuple et l’Etat complètement séparés par la réforme de Pierre I, les coups d’Etat, les révolutions de palais étaient alors en permanence. Rien de stable. En se mettant au lit les habitants de Pétersbourg ne savaient jamais sous le gouvernement de qui ils se réveilleraient. Aussi s’intéressait-on fort peu à ces changements, qui ne touchaient au fond que quelques intrigants allemands devenus ministres russes, quelques grands seigneurs blanchis dans le parjure et le crime, et le régiment de Préobrajensky, qui, à l’instar des prétoriens, disposait de la couronne. Pour les autres il n‘y avait rien de changé. Et quand je dis «les autres», je ne parle que de la noblesse et des employés: car de l’immensité silencieuse du peuple — du peuple courbé, triste, ahuri, muet — personne ne s’inquiétait; le peuple restait hors la loi, acceptant passivement l’épreuve terrible qu’il plaisait au bon Dieu de lui envoyer, et ne se souciant guère, de son côté, des spectres qui montaient d’un pas chancelant les marches du trône, glissaient comme des ombres, et disparaissaient en Sibérie ou dans les casemates. Le peuple, dans tous les cas, était sûr d’être pillé. Son état social était donc à l’abri de toute chance.

    ériode étrange! Le trône impérial — comme nous l’avons dit ailleurs[163] — ressemblait au lit de Cléopatre. Un tas d’oligarques, d’étrangers, de pandours, de mignons conduisaient nuitamment un inconnu, un enfant, une Allemande; l’elevaient au trône, l’adoraient et distribuaient, en son nom, des coups de knout à ceux qui trouvaient à y redire. A peine l’élu avait-il eu le temps de s’enivrer de toutes les jouissances d’un pouvoir exhorbitant et absurde, et d’envoyer ses ennemis aux travaux forcés ou à la torture, que la vague suivante apportait déjà un autre prétendant, et entraînait l’élu d’hier, avec tout son entourage, dans l’abîme. Les ministres et les généraux du jour s’en allaient le lendemain, chargés de fers, en Sibérie.

    Cette bufera infernale emportait les gens avec une si grande rapidité, qu’on n’avait pas le temps de s’habituer à leurs visages. Le maréchal Munikh, qui avait renversé Biron, le rejoignit, prisonnier lui-même, et les chaînes aux pieds, sur un radeau arrêté sur le Volga. C’est dans la lutte de ces deux Allemands, qui se disputaient l’empire russe comme si c’eût été une cruche de bière, que l’on peut retrouver le type véritable des coups d’Etat du bon vieux temps.

    L’impératrice Anne meurt, laissant, comme nous venons de le dire, la couronne à un enfant de quelques mois, sous la régence de son amant Biron. Le duc de Courlande était tout-puissant. Méprisant tout ce qui était russe, il voulait nous civiliser par la schlague. Dans l’espérance de s’affermir, il fit périr avec une cruauté froide des centaines d’hommes, en exila plus de vingt mille. Il était maître aussi dur qu’absolu. Cela ennuyait le maréchal Munikh. Celui-ci était Allemand aussi bien que Biron, mais de plus un très bon guerrier. Un beau jour la princesse de Brunswick, la mère du petit empereur, se plaint à Munikh de l’arrogance de Biron. «Avez-vous déjà parlé de cela à quelqu’un?» — demande le maréchal. — «A personne». — «Très bien, taisez-vous et laissez-moi faire». C’était le 7 septembre 1740.

    îne chez Biron. Après le dîner, il laisse sa famille chez le régent, et se retire pour un instant. Il va tout doucement chez la princesse de Brunswick, lui dit qu’elle doit se préparer pour la nuit, et rentre. On se met à souper. Munikh raconte ses campagnes, les batailles qu’il a gagnées. «Avez-vous fait des expéditions nocturnes?» — demande le comte de Lœvenhaupt. «J’en ai fait à toutes les heures», — reprend le maréchal, un peu contrarié. Le régent, qui ne se sentait pas bien et était couché sur un sopha, se redresse à ces paroles et devient pensif.

    On se quitte en amis.

    Arrivé à la maison, Munikh ordonne à son aide-de-camp, Manstein, d’être prêt à deux heures. A deux heures il se met avec lui dans une voiture et va droit au Palais d’hiver. Là il fait réveiller la princesse. «Qu’avez-vous donc?» — demande le brave Allemand, Antoine-Ulrich de Braunschweig-Wolfenbüttel, à sa femme. — «Une indisposition», — répond la princesse. Et Antoine-Ulrich se rendort comme une taupe.

    Pendant qu’il dort, la princesse s’habille, et le vieux guerrier parle aux soldats les plus janissaires du régiment de Préobrajensky, Il leur représente la position humiliante de la princesse, parle de sa reconnaissance future, et, tout en parlant, fait charger les fusils.

    Laissant alors la princesse sous la garde d’une de grenadiers, il va, avec quatre-vingts soldats, arrêter le chef de l’Etat, le terrible duc de Courlande.

    On traverse paisiblement les rues de Pétersbourg; on arrive au palais du régent; on y entre, et Munikh envoie Manstein pour l’arrêter, mort ou vif, dans sa chambre à coucher. Les officiers de service, les sentinelles, les domestiques regardent faire. «S’il y eût un seul officier ou soldat fidèle, — dit Manstein, dans ses mémoires, — nous étions. perdus». Mais il ne s’en trouva pas un seul. Biron, voyant les soldats, se sauve, en rampant, sous le lit. Manstein le fait retirer de là. Biron se débat. On lui donne quelques coups de crosse de fusil, et on le porte au corps de garde.

    ’Etat était fait. Mais il va se passer une chose bien plus étrange encore.

    Biron était détesté, cela pouvait expliquer sa chute. La régente, au contraire, bonne et douce créature — ne faisant de mal à personne, et faisant beaucoup l’amour avec l’ambassadeur Linar — était même un peu aimée, par haine pour Biron. Une année passe. Tout est tranquille. Mais la cour de France est mécontente d’une alliance austro-russe que la régente venait de faire avec Marie-Thérèse. Comment empêcher cette alliance? — Rien de plus facile: faire un coup d’Etat et chasser la régente. Ici pas même de maréchal vénéré par les soldats, pas même un homme d’Etat: il suffit d’un médecin intrigant, Lestocq, et d’un intrigant ambassadeur, La Ghétardie, pour porter au trône Elisabeth, la fille de Pierre I.

    Elisabeth, absorbée dans les plaisirs et dans de petites intrigues, pensait peu au renversement du gouvernement. On lui fait accroire que la régente a l’intention de l’enfermer dans un couvent. — Elle, Elisabeth, qui passe son temps dans les casernes de la garde et dans les orgies... Plutôt se faire impératrice! C’est aussi ce que pense La Chétardie; et il fait plus que penser, il donne de l’or français pour soudoyer une poignée de soldats.

    Le 25 novembre 1741, la grande-duchesse arrive, revêtue d’une robe magnifique et la poitrine couverte d’une cuirasse brillante, au corps de garde du régiment de Préobrajensky. Elle expose aux soldats sa position malheureuse. Les soldats, gorgés de vin, lui crient: «Ordonne, mère, ordonne, et nous les égorgerons tous!» La charitable grande-duchesse recule d’horreur et ordonne seulement ’arrestation de la régente, de son mari et de leur fils — le bambino-empereur.

    Et encore une fois même représentation. Antoin-Ulrich de Braunschweig est réveillé du plus profond sommeil; mais cette fois il ne peut se rendormir, car deux soldats l’enveloppent dans un drap de lit et le portent dans un cachot, d’où il ne sortira que pour aller mourir en exil.

    Le coup d’Etat est fait.

    ègne va comme sur des roulettes. Il ne manque encore une fois à cette couronne étrange... qu’un héritier. L’impératrice, qui ne veut pas du petit Ivan, va en chercher un dans le palais épiscopal du prince-évêque de Lubeck. C’était le neveu de l’évêque et un petit-fils de Pierre I, orphelin sans père ni mère, le futur de la petite Sophie Auguste Frédérique, princesse d’Anhalt-Zerbst-Bernbourg, qui perdit tant de titres sonores et illustres pour s’appeler tout brièvement... Catherine II.

    Maintenant que l’on se figure, d’après ce que nous venons de dire, quel était le milieu dans lequel la fatalité jeta cette jeune fille douée, en même temps, et de beaucoup d’esprit, et d’un caractère pliant mais plein d’orgueil et de passion.

    à Pétersbourg était horrible. D’un côté sa mère, Allemande acariâtre, grognon, avide, mesquine, pédante, lui donnant des soufflets et lui prenant ses robes neuves, pour se les approprier; de l’autre, l’impératrice Elisabeth, virago criarde, grossière, toujours entre deux vins, jalouse, envieuse, faisant surveiller chaque pas de la jeune princesse, rapporter chaque parole, prenant ombrage de tout, et cela, après lui avoir donné pour mari le benêt le plus ridicule de son époque.

    Prisonnière dans le palais, elle n’ose rien faire sans autorisation. Si elle pleure la mort de son père, l’impératrice lui envoie dire que c’est assez; que «son père n’était pas un roi pour le pleurer plus d’une semaine». Si elle montre de l’amitié pour quelqu’une des demoiselles d’honneur qu’on lui donne, elle peut être sûre qu’on la renverra. Si elle s’attache à un domestique fidèle, c’est encore plus sûr qu’on le chassera.

    Ses rapports avec le grand-duc sont monstrueux, dégradants. Il lui fait des confidences sur ses intrigues amoureuses. Ivrogne depuis l’âge de dix ans, il vient une fois, la nuit, aviné, entretenir sa femme des grâces et des charmes de la fille de Biron; et, comme Catherine fait semblant de dormir, il lui donne un coup de poing pour l’éveiller. Ce butor tient à côté de la chambre à coucher de sa femme une meute de chiens qui empeste l’air, et pend des rats, dans la sienne, pour les punir selon les règles du code militaire.

    Ce n’est pas tout. Après avoir offensé, molesté peu à peu tous les sentiments tendres de cette jeune femme, on commence à les dépraver systématiquement. L’impératrice prend pour un désordre qu’elle n’ait pas d’enfants. Mme Tchoglokoff lui en parle, en insinuant qu’enfin il faut sacrifier ses scrupules lorsqu’il s’agit ’Etat, et finit par lui proposer de choisir entre Saltykoff et Narychkine. La jeune femme joue la niaise, prend les deux — plus Poniatowski, et commence ainsi une carrière érotique, dans laquelle, pendant quarante ans, elle ne s’arrêtera plus.

    Ce que cette publication a de grave pour la maison impériale de Russie, c’est qu’elle démontre que non seulement cette maison n’appartient pas à la famille des Romanoff, mais pas même à la famille de Holstein-Gottorp. L’aveu de Catherine, sous ce rapport, est très explicite — le père de l’empereur Paul est Serge Saltykoff.

    La dictature impériale en Russie tâche en vain de se représenter comme traditionnelle et séculaire.

    En lisant ces mémoires, on est tout étonné qu’une chose soit oubliée constamment, au point de ne paraître nulle part, — c’est la Russie et le peuple. Et c’est là le trait caractéristique de l’époque.

    Le Palais d’hiver, avec sa machine administrative et militaire, était un monde à part. Comme un navire flottant à la surface, il n’avait de vrai rapport avec les habitants de l’océan que celui de les manger. C’était ’Etat pour l’Etat. Organisé à l’allemande, il s’imposait au peuple en vainqueur. Dans cette caserne monstrueuse, dans cette chancellerie énorme, il y avait une raideur sèche comme dans un camp. Les uns donnaient, transmettaient des ordres, les autres obéissaient en silence. Il n’y avait qu’un seul point où les passions humaines réapparaissaient frémissantes, orageuses, et ce point, c’était, au Palais d’hiver, le foyer domestique, non de la nation — mais de l’Etat. Derrière la triple ligne des sentinelles, dans ces salons lourdement ornés, fermentait une vie fiévreuse, avec ses intrigues et ses luttes, ses drames et ses tragédies. C’est là que les destins de la Russie s’ourdissaient, dans les ténèbres de l’alcôve, au milieu des orgies, au-delà des dénonciateurs et de la police.

    Quel intérêt pouvait donc prendre la jeune princesse allemande à ce à ce peuple sous-entendu, pauvre, demisauvage, qui se cachait dans ses villages, derrière la neige et les mauvais chemins, et n’apparaissait que comme un paria étranger dans les rues de Pétersbourg, avec sa barbe persécutée, son habit prohibé — et toléré seulement par mépris.

    Catherine n’entendit parler sérieusement du peuple russe que bien longtemps après, lorsque le cosaque Pougatcheff, à la tête d’une armée de paysans insurgés, menaçait Moscou.

    Pougatcheff vaincu, le Palais d’hiver oublia derechef le peuple. Et je ne sais quand on s’en serait souvenu, s’il n’avait remis lui-même son existence en mémoire à ses maîtres en se levant en masse en 1812, rejetant d’un côté l’affranchissement du servage présenté au bout des baïonnettes étrangères, et allant de l’autre mourir pour sauver une patrie qui ne lui donnait que l’esclavage, la dégradation, la misère — et l’oubli du Palais d’hiver.

    Ce fut le second du peuple russe. Espérons qu’au troisième on s’en souviendra un peu plus longtemps.

    Londres, 15 novembre 1858.

    ПЕРЕВОД

    <ЗАПИСКИ ЕКАТЕРИНЫ II> 

     

    Через несколько часов после смерти императрицы Екатерины сын ее, император Павел, приказал графу Ростопчину опечатать бумаги императрицы. Он присутствовал сам при приведении этих бумаг в порядок. Среди них нашли знаменитое письмо Алексея Орлова[164], в котором он циничным тоном и под пьяную руку объявлял императрице об убийстве — ее мужа, Петра III, а также и манускрипт, целиком писанный рукой Екатерины; он находился в запечатанном пакете со следующей надписью: «Его императорскому высочеству, цесаревичу и великому князю Павлу Петровичу, любезному сыну моему». В этом пакете была рукопись «Записок», публикуемых нами.

    Тетрадь внезапно обрывается на конце 1759 года. Говорят, что существовали разрозненные заметки, которые должны были служить материалом для продолжения. Некоторые утверждают, что Павел бросил их в огонь, в этом вопросе нет полной определенности. Павел хранил рукопись своей матери в большом секрете и доверил ее лишь своему другу детства, князю Александру Куракину. Последний снял с нее копию. Лет через двадцать после смерти Павла Александр Тургенев и князь Михаил Воронцов достали себе списки с экземпляра Куракина. Император Николай, услыхав об этом, отдал тайной полиции приказ завладеть всеми списками. Среди них имелся и список, снятый в Одессе рукой знаменитого поэта, Пушкина. И действительно, с тех пор «Записки» императрицы Екатерины II уже не распространялись более.

    Император Николай велел графу Д. Блудову доставить ему оригинал, прочитал его, запечатал большой государственной печатью и приказал хранить в императорском aрхиве, среди самых секретных документов.

    К этим подробностям, которые я заимствую из присланной мне заметки, я должен добавить, что первым, кто рассказал мне об этом, был наставник царствующего ныне императора, Константин Арсеньев. Он говорил мне, в 1840 году, что им получено было разрешение прочесть множество секретных бумаг о событиях, происходивших в период от смерти Петра I и до царствования Александра I. Среди этих документов ему разрешили прочесть «Записки» Екатерины II. (Он преподавал тогда новую русскую историю великому князю, будущему наследнику престола.)

    в Москве и в Петербурге. По одному из этих списков мы и печатаем «Записки». Подлинность их не внушает ни малейшего сомнения. Впрочем, достаточно прочесть две-три страницы, чтоб убедиться в этом.

    Мы воздержались от исправлений слога во всех тех случаях, когда у нас не было уверенности, что в копию вкралась ошибка переписчика.

    Что можем мы сказать по поводу самих «Записок»?

    Юные годы Екатерины II — женщины-императора, более четверти века занимавшей умы всех своих современников, начиная с Вольтера и Фридриха II до крымского хана и киргизских вождей, — ее юные годы, описанные ею самой!.. предугадываешь ее, видишь, как она превращается в то, чем стала впоследствии. Шаловливая четырнадцатилетняя девочка, причесанная на манер «Моисея», светловолосая, резвая, невеста малолетнего идиота — великого князя, — она уже охвачена тоской по Зимнему дворцу, жаждой власти. Однажды, когда она сидела вместе с великим князем на подоконнике и шутила с ним, она вдруг видит, как входит граф Лесток, который говорит ей: «Укладывайте ваши вещи — вы возвращаетесь в Германию». Молодой идиот, казалось, не слишком-то огорчился возможностью разлуки. «И для меня это было довольно-таки безразлично», — говорит маленькая немка, — «но далеко не безразличной была для меня русская корона», — прибавляет великая княгиня.

    Вот вам и будущая Екатерина 1762 года! Мечтать о короне в атмосфере императорского двора, впрочем, было вполне естественно не только для невесты наследника престола, но и для каждого. Конюх Бирон, певчий Разумовский, князь Долгорукий, плебей Меншиков, олигарх Волынский — все стремились урвать себе лоскут императорской мантии. Русская корона — после Петра I — была res nullius[165].

    Петр I, террорист и реформатор по преимуществу, не питал никакого уважения к законности. Его неограниченная власть силилась оказывать влияние даже из-за могилы. Он присвоил себе право назначать преемника, но вместо того, чтобы сделать это, ограничился приказом убить своего родного сына.

    После смерти Петра I сановники собрались на совещание. Меншиков прекращает обмен мнений и провозглашает императрицей свою прежнюю любовницу, вдову бравого шведского драгуна, убитого на поле брани, и вдову Петра I, которому Меншиков уступил ее «из преданности».

    Царствование Екатерины I было недолговременно. После нее корона продолжает так же случайно переходить с одной головы на другую: от бывшей ливонской кабатчицы — к мальчишке (Петру II); от этого мальчишки, умершего от оспы, к герцогине Курляндской (Анне); от герцогини Курляндской к принцессе Мекленбургской, жене принца Брауншвейгского, царствовавшей от имени грудного младенца (Ивана); от этого младенца, родившегося чтобы царствовать, корона переходит на голову девушки, родившейся слишком рано, — Елизаветы. Именно она представляет законное начало.

    петербургские жители никогда не знали, при чьем правлении они проснутся. Поэтому они очень мало интересовались этими переменами, которые в сущности имели значение лишь для нескольких немецких интриганов, сделавшихся русскими министрами, для нескольких царедворцев, поседевших в вероломстве и преступлениях и для Преображенского полка, который, подобно преторианцам, распоряжался короной. Для остальных же все оставалось без перемен. Говоря об «остальных», я имею в виду только дворянство и чиновников, ибо безмолвная масса народа — народа угнетенного, печального, оцепенелого, безгласного, — никого не интересовала; народ оставался вне закона, покорно принимая ужасные испытания, какие всевышнему благоугодно было ему ниспослать, и мало беспокоясь, со своей стороны, о призраках, которые поднимались нетвердым шагом по ступеням трона, скользили, словно тени, и исчезали в Сибири или в казематах. Народ при любых обстоятельствах был уверен, что он будет ограблен. Его общественное положение не зависело, следовательно, от какой-либо случайности.

    Странное время! Императорский престол — как мы говорили уже об этом в другом месте[166] — уподобился ложу Клеопатры. Кучка олигархов, чужеземцев, пандуров, фаворитов сопровождала ночною порой незнакомца, ребенка, немку; возводила их на престол, окружала их почестями и оделяла от их имени ударами кнута тех, кто мог что-либо возразить. Не успевал избранник упиться всеми наслаждениями чудовищной и нелепой власти и отправить своих врагов на каторгу или на пытку, как новая волна возносила уже другого соискателя и увлекала вчерашнего избранника, со всем его окружением, в пропасть. Сегодняшние министры и генералы отправлялись на следующий день в Сибирь, закованные в кандалы.

    Эта bufera infernale уносила людей так стремительно, что не хватало времени привыкнуть к их чертам. Маршал Миних, свергнувший Бирона, присоединился к нему на пароме, посреди Волги, уже сам ставший узником и с цепями на ногах.

    В борьбе этих двух немцев, оспаривавших друг у друга Poссийскую империю, словно кружку пива, можно видеть истинный тип государственных переворотов доброго старого времени.

    Императрица Анна умирает, оставив, как мы только что сказали, корону ребенку, которому было лишь несколько месяцев от роду, и регентом своего любовника Бирона. Герцог Курляндсний был всесилен. Презирая все русское, он хотел цивилизовать нас при помощи палочных ударов. В надежде упрочить свое положение, он с холодной жестокостью подверг гибели сотни людей, отправил в ссылку более двадцати тысяч. То был властитель столь же жестокий, сколь и самовластный. Это надоело фельдмаршалу Миниху. Миних был такой же немец, как и Бирон, но вдобавок он был еще и хороший воин. В один прекрасный день принцесса Брауншвейгская, мать маленького императора, жалуется Миниху на высокомерие Бирона. «Вы уже говорили с кем-нибудь об этом?» — спрашивает фельдмаршал. — «Ни с кем».—«Отлично, молчите и предоставьте действовать мне». Это было 7 сентября 1740 года.

    ночи и возвращается обратно. Садятся за ужин. Миних рассказывает о своих боевых походах, о выигранных им сражениях. «Доводилось ли вам совершать ночные походы?» — спрашивает граф Левенгаупт. — «Я совершал их во всякое время», — отвечает несколько раздосадонаный фельдмаршал. Регент, который чувствовал легкое недомогание и лежал на софе, приподымается при этих словах в впадает в задумчивость.

    Расстаются они, как друзья.

    Приехав домой, Миних приказывает своему адъютанту, Манштейну, быть наготове к двум часам. В два часа они садятся в карету и направляются в Зимний дворец. Там Миних приказывает разбудить принцессу. «Что с вами?» — спрашивает добродушный немец, Антон-Ульрих Брауншвейг-Вольфенбютель у своей жены, — «Мне поздоровится», — отвечает принцесса, И Антон-Ульрих засыпает снова, как крот.

    Пока он спит, принцесса одевается, а старый воин держит речь к солдатам, свирепейшим янычарам Преображенского полка. Он рисует им унизительное положение принцессы, говорит о ее будущей признательности и, продолжая свою речь, приказывает зарядить ружья.

    Оставив затем принцессу под охраной гренадеров, он отправляется с восемью десятками солдат арестовать главу государства, грозного герцога Курляндского.

    Спокойно проходят они по улицам Петербурга; приближаются ко дворцу регента, проникают во внутрь, и Миних отправляет Манштейна захватить Бирона, живым или мертвым, в его спальной. Дежурные офицеры, часовые, прислуга и не думают вмешиваться. «Если б там нашелся хоть один преданный офицер или солдат, — говорит Манштейн в своих воспомина­ниях, — мы бы погибли». Но такого человека не нашлось. Бирон при виде солдат уполз под кровать. Манштейн приказывает вытащить его оттуда. Бирон отбивается. Ему наносят несколько ударов ружейным прикладом в тащат в кордегардию.

    Бирона ненавидели, этим можно объяснить его падение. Регентша же, наоборот, доброе и кроткое существо, никому не причинявшая зла и много занимавшаяся любовью к посланнику Линару, была даже в какой-то мере любима, из ненависти к Бирону. Проходит год. Все спокойно. Но французский двор недоволен австро-русским союзом, который только что регентша заключила с Марией-Терезией. Как помешать этому союзу? — Ничего не может быть легче: произвести государственный переворот и прогнать регентшу. На сей раз обходятся без фельдмаршала, почитаемого солдатами, даже без государственного деятеля: достаточно врача-интригана Лестока и интригана-посланника Ля Шетарди, чтобы возвести на трон Елизавету, дочь Петра I.

    Елизавета, целиком погруженная в удовольствия и мелкие интриги, мало помышляла о ниспровержении правительства. Ее уверили, что регентша намерена заточить ее в монастырь. — Ее, Елизавету, проводящую время в гвардейских казармах и в оргиях... Нет, лучше уж самой стать императрицей! Точно так же думает об этом Ля Шетарди; и не только думает, — он раздает французское золото, чтобы подкупить горсть солдат.

    25 ноября 1741 года великая княжна, одетая в роскошное платье и с грудью, покрытой блестящими латами, приезжает в кордегардию Преображенского полка. Она рассказывает солдатам о своем несчастном положении. Перепившиеся солдаты кричат ей: «Прикажи, матушка, прикажи — и мы их всех передушим!» Мягкосердечная великая княжна пятится от ужаса и приказывает только — bambino[167]-императора.

    И опять повторяется то же самое театральное представление. Антона-Ульриха Брауншвейгского будят, нарушив его глубокий сон; но на этот раз ему уже не удается заснуть снова, ибо два солдата заворачивают его в простыню и уносят в тюремную камеру, откуда он выйдет лишь для того, чтоб умереть в ссылке.

    Государственный переворот совершен.

    Новое царствование идет как по маслу. Но снова этой странной короне недостает лишь... наследника. Императрица, которая не желает признать им маленького Ивана, отправляется искать наследника в епископский дворец князя-епископа Любекского. Там находится племянник епископа и внук Петра I, круглый сирота, жених Екатериной II.

    Представьте же себе теперь, после всего нами сказанного, в какую среду судьба забросила эту девушку, наделенную одновременно и большим умом и характером гибким, но полным тщеславия и страстности.

    Ее положение в Петербурге было ужасно. С одной стороны, ее мать, сварливая немка, ворчливая, алчная, мелочная, педантичная, награждавшая ее пощечинами и отбиравшая у нее новые платья, чтобы присвоить их себе; с другой — императрица Елизавета, бой-баба, крикливая, грубая, всегда под хмельком, ревнивая, завистливая, заставлявшая следить за каждым шагом молодой великой княгини, передавать каждое ее слово, исполненная подозрений и — все это после того, как дала ей в мужья самого нелепого олуха своего времени.

    Узница в своем дворце, Екатерина ничего не смеет делать без разрешения. Если она оплакивает смерть своего отца, императрица посылает сказать ей, что довольно плакать, что «ее отец не был королем, чтоб оплакивать его более недели» Если она проявляет дружеское чувство к какой-нибудь фрейлине приставленной к ней, она может быть уверена, что фрейлину эту отстранят. Если она привязывается к какому-нибудь преданному слуге, — все основания думать, что того выгонят.

    ей, как грациозна и прелестна дочь Бирона, и, так как Екатерина притворяется, что спит, наносит ей удар кулаком, чтобы разбудить ее. Этот дуралей держит рядом со спальней своей жены свору собак, заражающих воздух, и вешает крыс в своей спальне, дабы наказать их в соответствии с правилами военного устава.

    Это еще не все. Постепенно оскорбив, осквернив все нежные чувства молодой женщины, их начинают систематически развращать. Императрица усматривает непорядок в том, что у Екатерины нет детей. Госпожа Чоглокова сообщает ей об этом, намекая, что нужно, наконец, пожертвовать своею щепетильностью, когда дело касается пользы государства, и в конце концов предлагает ей на выбор Салтыкова и Нарышкина. Молодая женщина разыгрывает из себя дурочку, берет себе в любовники обоих и сверх того Понятовского, и таким образом вступает на то эротическое поприще, которое не оставляла в течение сорока лет.

    Самое важное в этой публикации для российского иператорского дома — доказательство того, что не только дом этот не принадлежит к фамилии Романовых, но даже и к фамилии Гольштейн-Готторпских. Признание Екатерины в этом смысле выражено совершенно отчетливо —

    Императорская диктатура в России тщетно пытается представить себя традиционной и вековечной.

    Еще одно слово, прежде чем кончить.

    При чтении этих «Записок» поражаешься тому, как постоянно забывалось одно — Россия и народ, —

    государство для государства. Устроенное на немецкий манер, оно навязало себя народу как завоеватель. В этой чудовищной казарме, в этой необъятной канцелярии царило напряженное оцепенение, как в военном лагере. Одни отдавали и передавали приказы, другие молча повиновались. В одном лишь месте человеческие страсти то и дело вырывались наружу, трепетные, бурные, и этим местом в Зимнем дворце был семейный очаг — не нации, а государства. За тройною цепью часовых, в этих тяжеловесно украшенных гостиных кипела лихорадочная жизнь, со своими интригами и борьбой, со своими драмами и трагедиями. Именно там ткались судьбы России, во мраке алькова, среди оргий — по ту сторону

    Какой же интерес могла питать молодая немецкая принцесса к этому magnum ignotum[168], к этому подразумеваемому народу, нищему, полудикому, скрывавшемуся в своих деревнях за снежными сугробами и дрянными дорогами и имевшему вид чужеземного парии на петербургских улицах — с бородой, за которую преследовали, в запрещенной одежде — и терпимому из одного лишь презрения к нему?

    Серьезное слово о русском народе Екатерина услышала лишь гораздо позже — когда казак Пугачев во главе армии восставших крестьян стал угрожать Москве.

    После победы над Пугачевым Зимний дворец вновь позабыл о народе. И я не знаю, когда б о нем вспомнили опять, если бы сам он не напомнил о своем существовании своим господам, поднявшись единой громадой в 1812 году, отвергнув освобождение от крепостного права, предложенное ему на остриях чужеземных штыков, и отправляясь в то же время умирать, чтобы спасти отечество, не давшее ему ничего, кроме рабства, вырождения, нищеты — и забвения со стороны Зимнего дворца.

    Примечания

    Впервые опубликовано по-французски в качестве предисловия к книге: «Mémoires de l’impératrice Catherine II, écrits par elle-même et précédés d’une préface par A. Herzen». Londres, 1859, стр. III—XVI, за подписью: . Печатается по тексту второго издания: «Mémoires de l’impératrice Catherine II, écrits par elle-même et précédés d’une préface par A. Herzen. Seconde édition, revue et augmentée de huit lettres de Pierre III et d’une lettre de Catherine II au comte Poniatowsky», Londres, 1859, стр. III—XVI, за подписью: . Автограф неизвестен. Во второе издание никаких изменений не внесено.

    «Memoiren der Kaiserin Katharina II, von ihr selbst geschrieben. Nebst einer Vorrede von A. Herzen», 1859 (второе издание — 1863); шведский перевод — в Упсале: «Kejsarinnan Catharina II-s Memoirer, skrifna ai henne själf, jämte ett företät af A. Herzen, I—II», 1859; датский перевод в Копенгагене: «Memoirer skrevne af hende selv. Udgivne af Alex. Herzen», 1869 (см. Л IX, 593).

    В письме к M. К. Рейхель от 18 сентября 1858 г. Герцен писал: «Мы издаем на франц<узском> языке „Записки” Екатерины II (1739—58). Это — такая прелесть, так интересно, что просто упадешь». На следующий день он снова писал по поводу печатания этой книги М. Мейзенбуг: «Мы заняты теперь печатанием мемуаров императрицы Екатерины II (1744—1758), и это безмерно интересует меня. Альтгауз пожелал перевести их на немецкий язык и сидит теперь за работой. Русское правительство принимало чрезвычайные меры к скрытию этой рукописи, и все-таки она в наших руках».

    «Записок» Екатерины, причем вместо публикуемого предисловия Герцен напечатал отрывки из письма к нему (разумеется не указав фамилии) П. И. Бартенева, доставившего копию с манускрипта Екатерины II.

    «Записок» Екатерины II, изложены в воспоминаниях Н. А. Тучковой-Огаревой: «В это время приехал к Александру Ивановичу один русский, N. N. Он был небольшого роста и слегка прихрамывал. Герцен много с ним беседовал. Кажется, он был уже известен своими литературными трудами <…> После его первого посещения Герцен сказал Огареву и мне: „Я очень рад приезду N. N., он нам привез клад, только про это ни слова, пока он жив. Смотри, Огарев, — продолжал Герцен, подавая ему тетрадь, — это записки императрицы Екатерины II, писанные ею по французски; вот и тогдашняя орфография — это верная копия”. Когда записки императрицы были напечатаны, N. N. был уже в Германии, и никто не узнал об его поездке в Лондон (см. Н. А. Тучкова-Огарева. Воспоминания, «Academia», 1929, стр. 218).

    M. П. Алексеев высказал предположение, что под инициалами N. N. в рассказе Тучковой-Огаревой скрыт историк и журналист П. И. Бартенев (М. П. Алексеев. Пушкин и библиотека Воронцова. — «Пушкин. Статьи и материалы», вып. II, Одесса, 1926, стр. 96—97). Эта догадка опиралась на внешнее сходство Бартенева с человеком небольшого роста, слегка прихрамывающим, о котором пишет Тучкова-Огарева. М. М. Клевенский в своей работе «Герцен-издатель и его сотрудники» прямо указывает на Бартенева как на лицо, доставившее Герцену копию «Записок» Екатерины (ЛH. т. 41—42, стр. 582). То, что Герцен получил рукопись именно от Бартенева, в настоящее время подтверждается документальными данными бартеневского архива (см. Л. Б. Светлов. Из разысканий о деятельности А. И. Герцена. 1. А. И. Герцен и П. И. Бартенев. — «Известия АН СССР. Серия истории и философии», т. VIII, № 6, 1951, стр. 542—544). Интересно отметить, что в извещении о готовящемся издании «Записок» (К, л. 23—24 от 15 сентября 1858 г.) Герцен между прочим писал: «Те же записки предлагает нам другой корреспондент...» (наст. том, стр. 351 и комментарий к ней).

    «Записки» вполне понятно: эти мемуары раскрывали династическую тайну, — то, что Павел I не был сыном Петра III. Тем самым читателям «Записок» становилось очевидным, что русский царствующий дом «не только <...> не принадлежит к фамилии Романовых, но даже и к фамилии Гольштейн-Готторпских». Обнародованием «Записок» Герцен наносил серьезный удар международному престижу русского самодержавия.

    Предисловие Герцена к «Запискам» Екатерины датировано 15 ноября 1858 г., а 24 ноября того же года он уже послал экземпляр только что вышедшего издания французскому историку Ж. Мишле. В ответном письме от 28 ноября 1858 г. Мишле писал Герцену: «... я не читал ничего более интересного, чем ваши „Мемуары Екатерины”, ничего, что позволило бы лучше осязать с некоторых сторон глубочайшую основу ее натуры. Как вы сказали в своем дивном предисловии: одно только отсутствует во всем этом, это — Россия». Понимая огромное политическое значение, какое представляло собой разоблачение династического секрета, Мишле прибавлял: «Это с вашей стороны — настоящая заслуга и большое мужество. Династии помнят такие вещи больше, чем о какой-либо политической оппозиции» (Л IX, стр. 396, 397).

    «Записок», изданный Герценом, неоднократно перепечатывался за границей. В России он впервые появился в журнале «Исторический вестник» за 1906 г. (тт. GIII—GV, январь — сентябрь). В 1907 г. вышел 12 том академического издания «Сочинений императрицы Екатерины II на основании подлинных рукописей и с объяснительными примечаниями академика А. Н. Пыпина». Этот том включает полностью мемуарное наследие Екатерины, причем, как показывают собранные в нем материалы, опубликованный в Лондоне французский текст представляет четвертую редакцию ее «Записок». На обертке одной из тетрадей, в которых переписан подлинник, имеется надпись, в точности приведенная Герценом: «Его императорскому высочеству...» и т. д (см. стр. 378 наст. тома).

    ... О существовании этого письма Герцену было известно из «Записок» княгини Е. Р. Дашковой, на английский перевод которых, выпущенный Трюбнером в 1858 г., он и ссылается в подстрочном примечании (в 1859 г. за границей же «Записки» были изданы во французском подлиннике и в русском переводе). Текст письма впервые опубликован в «Архиве князя Воронцова», кн. XXI, М., 1881, стр. 430.

    ... Павел бросил их в огонь, в этом вопросе нет полной определенности. — Павлом был сожжен подлинник письма Алексея Орлова. Что же касается «Записок» Екатерины и всех подготовительных набросков к ним, то они вошли в том 12 академического издания ее «Сочинений».

    ... доверил ~  — Это сообщение подтверждается надписью, имеющейся на четырех тетрадях подлинной рукописи «Записок»: «Au prince Alexandre de Kourakin» («Князю Александру Куракину»). См. «Сочинения императрицы Екатерины II...», т. 12, СПб., 1907, стр. 738—740.

    ... В дневнике Пушкина под 8 января 1835 г. имеется запись: «Великая княгиня <Елена Павловна> взяла у меня Записки Екатерины II и сходит от них с ума» (А. С. Пушкин. Полн. собр. соч. в десяти томах, т. VIII, М.—Л., 1949, стр. 62). Копия «Записок» значится в составленной в феврале 1837 г. «Описи бумагам покойного камер-юнкера Александра Сергеевича Пушкина». Тут же, в графе «Куда отданы», рукой Николая I помечено: «Ко мне» («Дела III отделения... об Александре Сергеевиче Пушкине», СПб., 1906, стр. 197). Б. Л. Модзалевский высказывал сомнение, чтобы «Пушкин мог собственноручно » («Дневник Пушкина», под редакцией и с объяснительными примечаниями Б. Л. Модзалевского, М.—Л., ГИЗ, 1923, стр. 234).

     ~ император приказал принести ему рукопись для прочтения. — С этой целью в Москву был направлен главный архивариус империи Ф. И. Гильфердинг. Подробности об его приезде, заимствованные из дневника П. И. Бартенева, служившего в это время в Главном архиве министерства иностранных дел, см. в вышеупомянутой заметке Л. Б. Светлова («Известия АН СССР. Серия истории и философии», 1951, т. VIII, № 6, стр. 543—544).

    Он присвоил себе право назначить преемника... —

    принцессе Мекленбургской, жене принца Брауншвейгского... — Анне Леопольдовне, жене принца Антона Ульриха.

    ...  — Адская буря (лат.).

    ... говорит Манштейн в своих воспоминаниях, — ». — В «Записках исторических, политических и военных о России с 1727 по 1744 год» Манштейна (ч. III, M., 1810, стр. 94—103), где рассказывается об аресте Бирона, такой фразы нет. Наиболее близка к ней следующая фраза: «Если бы один часовой закричал, то все было бы испорчено» (стр. 102). Сравнение подробностей, содержащихся в предисловии Герцена к «Запискам» Екатерины, с мемуарами Манштейна указывает на то, что Герцен, излагая обстоятельства ареста Бирона, пользовался еще каким-то источником.

    ...  

    ... князя-епископа Любекского, — Карла, приходившегося родным братом принцессе Иоганне-Елизавете Ангальт-Цербстской, матери Екатерины II.

    ...  I... — Будущий император Петр III, муж Екатерины II.

    [162] Voir Memoirs of the princess Daschkow. London. Trübner, 1858.

     Du développement des idées révolutionnaires en Russie. 2e éd<ition>. Londres, 1853.

    [164] См. «Memoirs of the princess Daschkow». London. Trübner, 1858.

    Ред.

    «О развитии революционных идей в России». 2е из<дание>, Лондон, 1853.

    [167] мальчугана (итал.). — Ред.

    Ред.

    [169] напоминание (дат.) — Ред.